Tzipi Livni et Saëb Erakat ont repris, mardi soir à Washington, les pourparlers de paix israélo-palestiniens gelés depuis trois ans. Ils ont convenu de se retrouver dans deux semaines pour des négociations formelles au Proche-Orient après leurs « premiers entretiens constructifs et positifs ». Objectif : parvenir d'ici neuf mois, sous la houlette de Martin Indyk, le nouvel émissaire des Etats-Unis pour la paix au Proche-Orient, à un accord de « statut final ». « Toutes les questions dites de statut final, dont celles des frontières, du statut d'El-Qods et du droit au retour des réfugiés palestiniens, seront discutées et sans conditions préalables », déclare John Kerry, le secrétaire d'Etat américain. Et d'ajouter : « Je crois fermement que les dirigeants, les négociateurs et les citoyens qui s'investissent, peuvent faire la paix pour une raison très simple : ils y sont obligés. Une solution viable à deux Etats est la seule voie pour résoudre ce conflit. Il ne reste pas beaucoup de temps pour y arriver et il n'y a pas d'alternative ». « Personne d'autre que les Palestiniens ne bénéficiera davantage d'un succès des négociations de paix avec Israël, sous l'égide de Washington. Je suis ravi que toutes les questions soient sur la table [...]. Il est temps pour les Palestiniens d'avoir leur propre Etat souverain », déclare le dirigeant palestinien. La responsable israélienne se montre, elle aussi, optimiste. « L'histoire se fait grâce aux réalistes qui n'ont pas peur de rêver », dit-elle. Comment y arriver ? Ni l'artisan de cette reprise des pourparlers ni les deux négociateurs en chef ne donnent le mode d'emploi. Sur le terrain, les écueils qui empêchent toute avancée depuis les accords d'Oslo en 1993 subsistent. Benyamin Netanyahu refuse et le retour aux frontières de juin 1967 et l'arrêt de sa politique de construction de colonies en Cisjordanie et encore moins une discussion sur le statut d'El-Qods, particulièrement de sa partie Est. Les analystes ne croient pas en ces promesses. Encore moins en un Etat palestinien à la lumière de l'actuel territoire sans continuité qui ressemble à une peau de léopard. Pour eux, les Etats-Unis, qui ont compris que le conflit israélo-palestinien est la mère de toutes les batailles régionales, veulent un répit de six à neuf mois pour éteindre les feux irakien, syrien, égyptien et libyen et améliorer leur image dans le monde arabo-musulman.