Les 6,9 millions d'électeurs maliens vont départager, aujourd'hui, les deux vétérans de la politique arrivés en tête au premier tour de l'élection présidentielle malienne. « Confiants » en leur victoire, les deux candidats mettent en garde contre la fraude et les irrégularités. Arrivé en tête avec près de 39,79% des voix, IBK, qui a un riche CV -ministre des Affaires étrangères, Premier ministre et président de l'Assemblée nationale - et obtenu le ralliement de 22 des 25 candidats éliminés au premier tour, semble bien parti pour être élu, après deux échecs en 2002 et 2007. Cissé, l'ancien ministre des Finances et président de l'Union monétaire ouest-africaine, qui a obtenu 19,70% des suffrages le 28 juillet dernier, compte sur une mobilisation plus forte qu'au premier tour - 48,98%, un taux historique au Mali - et sur une partie de près de 400.000 bulletins déclarés nuls, soit environ 10% des votants. « Il ne s'agit pas de compléter les résultats du premier tour, c'est une nouvelle élection », dit-il, promettant une réforme du système éducatif, des changements dans l'armée, la création de 500.000 emplois et la promotion de la finance islamique. Quel qu'il soit, le nouveau président, qui pourra compter sur le soutien de la communauté internationale qui, lors d'une conférence de donateurs en mai, a promis de débourser plus de trois milliards d'euros, aura un mandat âpre. Les dossiers brûlants, comme la lutte contre la corruption, la réorganisation de l'armée, la restauration des fondements d'un Etat ayant connu la déliquescence et l'effondrement total, la réconciliation nationale et la menace terroriste, ne manquent pas. De la capacité du prochain chef de l'Etat de ce pays, pointant à la 175e place (sur 187) du classement du Programme des Nations unies pour le développement, à se pencher rapidement sur ces questions, dépend sa longévité au pouvoir. Et pour corser le tout, il devra définir, dans les 60 jours, le statut de l'Azawad avec le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et ce, conformément aux accords signés à Ouagadougou, le 18 juin dernier, par Bamako. S'il est difficile pour le nouveau locataire de Koulouba d'accorder à cette région son autonomie, il ne pourra pas, selon les analystes, lui refuser une décentralisation plus poussée. « Ma première priorité sera de rechercher (...) un accord de paix durable », déclare IBK sur France 24, insistant sur la nécessité de trouver « une paix véritable » avec le MNLA. Ce dernier, qui a appelé à voter pour le candidat du Rassemblement pour le Mali, a déjà fait savoir, le 3 août dernier, que le conflit pourrait reprendre si sa demande d'une plus grande autonomie de l'Azawad n'est pas prise en compte. La tâche ne sera pas aisée. Le futur président doit satisfaire les « autonomistes » du nord, les Maliens du sud, dont le ressentiment à l'égard des premiers nommés s'est accentué après la chute de Kidal aux mains des groupes armés terroristes et...les perdants de cette élection.