Avec 77,6% des voix, Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, 68 ans, est le nouveau président du Mali, selon les résultats définitifs du second tour de l'élection présidentielle, annoncés, jeudi, selon lesquels le taux de participation est de 45,78%, en baisse de trois points par rapport au premier tour alors que le nombre de bulletins nuls est passé de 400.000 à 93 ;000. L'ancien Premier ministre était le grand favori de ce scrutin. Il était arrivé en tête du premier tour avec 40% des votes et avait réussi à rallier le soutien de 22 des 25 autres candidats. Son adversaire, Soumaïla Cissé, qui avait reconnu sa défaite dès le lendemain du scrutin du 11 août, a obtenu 22,39% des suffrages. Il avait annoncé, mardi, qu'étant donné « la fragilité » de la situation au Mali, il n'introduirait pas de recours devant la Cour constitutionnelle. IBK hérite d'un pays meurtri par 18 mois de crise politico-militaire qui ont provoqué un exode d'environ 500.000 déplacés internes et réfugiés dans les pays voisins. A plusieurs reprises, IBK, dont l'investiture est prévue en septembre, a indiqué que sa première tâche serait « la réconciliation », plus particulièrement avec les Touareg qui se sentent marginalisés. Un accord intérimaire, signé en juin dernier à Ouagadougou entre des représentants du régime malien de transition et les rebelles touareg prévoit l'ouverture de « pourparlers de paix » dans les 60 jours suivant la mise en place du nouveau gouvernement voulu de « large union ». La communauté internationale, qui a salué le bon déroulement et la transparence du scrutin, a promis une aide de 3,2 milliards d'euros. La première réaction est parvenue de l'Elysée qui a noté dans un communiqué que « l'ampleur de la victoire d'Ibrahim Boubacar Keïta est de nature à lui donner toute la légitimité nécessaire pour entreprendre l'effort de redressement national et de développement du pays » et que « la France restera aux côtés du Mali démocratique ». De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a « réitéré l'engagement des Nations unies à accompagner le Mali dans la prochaine phase du processus de stabilisation et de consolidation de la paix, y compris en appuyant le dialogue inclusif, la réconciliation et l'organisation des élections législatives ». Fort de la reconnaissance et du soutien international, le nouveau président entend promouvoir une démarche de paix et de concorde. Dans ce mandat de tous les défis, le nouveau président, qui a inscrit sa victoire massive dans « une relation fusionnelle » avec son peuple, s'engage dans la voie de la reconstruction de l'Etat, du rassemblement national et de la stabilité. « Quand vous sentez une fusion profonde avec votre peuple, a-t-il déclaré à la veille de l'élection présidentielle, vous êtes un homme de paix. » Le raz-de-marée électoral, qui conforte sa légitimité incontestable et son autorité, fonde le socle de la reconstruction et de la solidarité qui passe inévitablement par la consolidation du consensus politique valablement exprimé par le verdict des urnes.