La revue tente d'apporter des éclairages sur des zones d'ombre de cette étape décisive de l'Histoire du pays, à travers les témoignages des acteurs encore en vie et autres contributions d'éminents spécialistes. « Guerre d'Algérie, ces Français qui ont dit non ! » est le titre du dossier d'ouverture choisi par la revue dans son numéro zéro paru ce mois d'août. Le directeur du département d'histoire de l'Université d'Aix-en-Provence, Jean-Charles Jauffret, évoque dans sa contribution intitulée « Un témoin du rejet de la guerre d'Algérie », les manifestations des rappelés français, qui ont éclaté dans différentes régions de France, et les premières années du déclenchement de la lutte armée en Algérie. La rédaction de ce nouveau mensuel propose, pour les besoins du sujet, le regard d'Henri Alleg sur Jacques Tourtaux, un des soldats français rappelés, qui, écrit-on, ont compris que le motif du maintien de l'ordre en Algérie, avancé par les autorités coloniales, n'était autre qu'« un fallacieux prétexte pour livrer une guerre à un peuple en lutte pour sa liberté ». Le témoignage de ce soldat, originaire des Ardennes, incorporé en Algérie en 1961, auteur du livre Souvenir d'un appelé anticolonialiste, est illustré dans un entretien accordé à la revue. « Quelle connerie la guerre et comment qualifier ceux qui la font », s'est indigné l'auteur, invité à conclure l'interview. Un chapitre de la revue est consacré au combat « héroïque » des mineurs algériens des Cévennes (France), dans l'indépendance du pays, présenté par Bernard Deschamps, député PCF du Gard, auteur de les Gardois contre la guerre d'Algérie. Des biographies de quelques « mineurs héroïques » sont présentées, à l'image de Mohamed Krim, Aïssa Mokrane, Dahmouch Yahia et Fatima Krim. Des récits d'accrochages avec l'ennemi durant la Révolution sont également cités, à l'exemple de la bataille de la localité d'Ighram, dans la Wilaya III historique, en juin 1958. En somme, Mémoire se veut, peut-on lire dans l'édito de son directeur de publication, Hocine Smaâli, « une contribution à l'écriture de l'Histoire, une entreprise éminemment délicate lorsqu'il s'agit, surtout, de la guerre d'Algérie avec, au demeurant, une Révolution en majuscule ».