« L'accroissement des dépenses ne tient pas seulement aux augmentations des salaires dans la Fonction publique et aux transferts sociaux, il est aussi lié aux charges récurrentes générées par la réception des nouveaux équipements publics réalisés dans le cadre des programmes d'investissement engagés depuis 2001 », a expliqué M. Djoudi dans un entretien accordé à l'APS, publié hier. Toutefois, « le gouvernement ainsi que le ministère des Finances se doivent de garantir les équilibres budgétaires dans ce cadre, en contenant les dépenses de fonctionnement de l'Etat », a-t-il signalé. D'ailleurs, « l'évolution de la situation budgétaire s'est caractérisée, ces dernières années, par une augmentation sans précédent des dépenses publiques engendrées par l'émergence d'une demande soutenue en termes à la fois d'équipements publics, de prise en charge des dépenses de fonctionnement liées à ces programmes et, enfin, d'effets induits par les décisions visant à améliorer le pouvoir d'achat des fonctionnaires et des catégories démunies », a-t-il indiqué. « En l'état actuel de notre économie, une réduction de nos dépenses d'équipement impacterait immédiatement et de manière négative la croissance, particulièrement dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, détruirait l'emploi et réduirait le pouvoir d'achat des citoyens », a-t-il affirmé. L'enjeu consiste donc à « préserver l'équilibre budgétaire à moyen terme sur la base d'un prix acceptable du baril de pétrole permettant de sauvegarder les intérêts des générations futures, tout en stimulant la croissance économique », a souligné M. Djoudi. En d'autres termes, l'Algérie ne compte pas recourir à une réduction de ses dépenses d'équipement pour maintenir ses équilibres budgétaires, a-t-il laissé entendre en réitérant tout de même l'engagement du gouvernement à mener une politique budgétaire prudente avec des dépenses de fonctionnement bien maîtrisées. Des mesures incitatives pour encourager la production nationale Quant au commerce extérieur, M. Djoudi a indiqué que « les instruments et les techniques usités dans les transactions de commerce international n'ont pas vocation à réguler les quantités importées. Ils n'agissent que dans le sens d'assurer la sécurité des transactions, de permettre leur traçabilité et de garantir une meilleure transparence ». C'est, d'ailleurs, « la vocation du Crédit documentaire (Crédoc) dont seulement les coûts opératoires sont négociés entre les deux parties, à l'opposé du transfert libre qui ne soumettait à aucun engagement les importations et qui permettait un transfert librement décidé au prix convenu par les parties », a-t-il dit. « Concernant les éventuels surcoûts inhérents à l'utilisation du Crédoc, il a été demandé par le ministère des Finances à la Banque d'Algérie, dans le cadre de ses prérogatives, d'encadrer les conditions applicables à ces opérations en vue de les réduire », a-t-il rappelé. Par ailleurs, le gouvernement compte intervenir par des mesures incitatives et mettre en place une offre abondante qui va se substituer à l'importation, a indiqué M. Djoudi. Son développement est, toutefois, un objectif assigné à tous les acteurs économiques, aussi bien les entreprises, que les banques, ainsi que les institutions de régulation et d'encadrement, a-t-il averti. Pour lui, le véritable enjeu se situe dans le financement de l'économie hors hydrocarbures. Dans ce sens, les banques jouent un rôle primordial en accompagnant les acteurs véritables de la croissance que sont les entreprises créatrices de richesse et d'emploi. Aussi, « la recapitalisation des banques publiques a concouru à un relèvement de la croissance économique, hors hydrocarbures », a-t-il rappelé. Quant à la maîtrise de l'inflation, le ministre a rappelé que « la loi, en l'occurrence l'ordonnance relative à la monnaie et au crédit, inscrit l'inflation comme objectif explicite de la politique monétaire que conduit la Banque d'Algérie ». Cette dernière « met en œuvre tous les instruments de politique monétaire pour contenir l'inflation dans des limites raisonnables », dans le cadre de ses prérogatives. « Le gouvernement, pour sa part, met en œuvre une politique de préservation du pouvoir d'achat des citoyens et des populations, grâce à des mesures appropriées qui tendent à limiter l'impact des facteurs à caractère inflationniste ». A titre indicatif, « l'effort déterminant de soutien des prix des produits et des services de base a permis le maintien d'une inflation à un niveau raisonnable », a-t-il cité. La Banque d'Algérie affinera, dans ce sens, sa régulation et pratiquera une politique du taux fondé sur le taux réel, condition nécessaire pour une allocation efficiente du crédit afin d'éviter l'accumulation par les banques de créances non performantes, selon lui.