Il était 8h 20mn la matinée d'hier quand on est arrivé au marché d'In El Melh. Le lieu grouillait déjà de monde. Des moutons de toutes tailles, des chèvres et des agnelles sont proposées à la vente. Des éléments d'une section de sécurité et d'intervention (SSI) contrôlaient les lieux. « Ils sont mobilisés dans ce marché depuis minuit afin d'assurer la sécurité du marché. La vente de gros se déroule généralement la nuit », précise le commandant du groupement territorial de la Gendarmerie nationale de M'Sila, le colonel Mohamed Boussaïd, qui nous a accompagnés lors de cette sortie sur le terrain. Une ambiance particulière régnait, en particulier au niveau des points de vente de bétail. Un homme muni d'un haut parleur se chargeait d'annoncer les offres tout en affirmant la disponibilité du cheptel au choix. La présence des femmes dans ce marché n'a pas dérangé les vendeurs qui estiment que la femme « est une bonne cliente. Elle fait un bon choix et, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, elle est peu hésitante dans son choix. En plus, c'est une bonne négociatrice », affirme un éleveur de Boussaâda. Un autre maquignon estime que plusieurs femmes accompagnent leurs époux pour le choix du mouton. « Il se peut qu'il lui ramène une agnelle à la place d'un mouton. Pour moi, la femme connaît mieux le cheptel de qualité par rapport à l'homme », souligne notre interlocuteur tout sourire. Mourad, un enseignant qui vient d'acheter « Messaoud », un énorme bélier, à 75.000 DA, nous confie qu'il s'est déplacé de bon matin en compagnie de son frère de la wilaya d'El Bordj pour acheter un mouton de bonne qualité. « J'ai l'habitude d'acheter les moutons de l'Aïd dans ce marché pour leur excellente qualité. Aujourd'hui, j'ai trouvé ce que je cherchais à un prix abordable, surtout que j'ai constaté que les prix ont baissé sensiblement par rapport à l'année passée. Le cheptel est également abondant. Les prix sont raisonnables et je pense que les petites bourses peuvent se permettre un mouton moyen », indique le jeune homme. Mohamed, un quinquagénaire originaire de Batna, affiche sa satisfaction quant aux prix pratqués. Il a profité de cette journée de repos pour se déplacer avec son fils âgé de 8 ans pour acheter un mouton. « J'ai réussi à dénicher un mouton moyen à 32.000 DA. Il a même de petites cornes à la grande satisfaction du petit ». Un vendeur dans ce marché de bétail, le plus important de la région, estime qu'il y en pour tous les goûts et pour tous les prix. La brebis coûte entre 18.000 DA et 22.000 DA, alors que le prix de l'agnelle varie de 17.000 DA à 25.000 DA. Le bouc est cédé de 17 000 DA à 25 000 DA et la chèvre à 18.000 DA. « C'est un cheptel de qualité, de race locale », nous affirme t-on. Le marché du bétail « bouge » la veille de l'Aïd Par ailleurs, si pour le consommateur c'est une aubaine, pour les éleveurs, c'est la faillite. Ils dénoncent surtout la spéculation. Un éleveur, qui venait de conclure une affaire avec un maquignon d'Ouled Fayet, à Alger, en lui vendant 36 têtes d'ovin, a expliqué que l'augmentation des prix est due à la spéculation. « Je viens de vendre ce troupeau car j'ai été informé que le « marché commence à bouger ». Dans notre langage, cela veut dire que la demande est impportante. « En moyenne, je vends mes moutons entre 24.000 et 28.000 dinars. Des prix raisonnables, que ce soit pour moi ou pour l'acquéreur. Mais ce dernier les propose à plus de 40.000 DA si ce n'est à 55.000 DA. Il est nécessaire de trouver des solutions pour contrecarrer les spéculateurs », préconise-t-il. Un autre éleveur de M'Sila, rencontré sur les lieux, dont le troupeau est constituéde 25 moutons, affirme que « les prix de vente des moutons cette année ont sensiblement baissé, surtout concernant le cheptel âgé ». Il explique que cette baisse est liée à l'offre qui est plus importante que la demande. Ce qui a conduit à une baisse oscillant entre 5 000 DA et 10.000 DA par tête d'ovin. A l'occasion, les éleveurs ont exposé leurs problèmes, compte tenu de l'augmentation des charges. « La marge de bénéfice ne dépasse pas 3.000 à 5.000 DA par tête surtout avec la cherté de l'aliment du bétail. On achète une agnelle à 12.000 DA pour la revendre, une année après, à 22.000 ou 25.000 DA. La moyenne des charges est de 10.000 DA au minimum », soutiennent des éleveurs de la région. Des détecteurs de fausse monnaie dans les marchés de bétail Rien n'a été signalé au niveau de ce marché au niveau des infractions. Mission accomplie pour les gendarmes. Aucune agression ni vol de cheptel. Les éleveurs et les maquignons le confirment. « Le commandement de la gendarmerie a procédé, cette année, dans le cadre du plan de lutte contre le trafic de cheptel, à la mobilisation des sections de sécurité et d'intervention (SSI) dotées de détecteurs de fausse monnaie. « Ces appareils à rayons ultra-violets, utilisés au niveau des brigades territoriales dans le cadre des enquêtes, viennent d'être mis à la disposition des unités opérationnelles. Cette mesure a été prise afin d'assurer la rapidité de l'intervention sur les lieux », a fait savoir le responsable de la communication de la gendarmerie, le lieutenant-colonel Abdelhamid Kerroud. Résultat : une somme d'argent de faux billets estimée à 10 millions de centimes vient d'être saisie au niveau du marché de cheptel de Djelfa. Selon le commandant du groupement territorial du même service de sécurité, le lieutenant-colonel Ali Hamadouche, trois faussaires voulaient profiter du marché hebdomadaire pour tenter d'écouler cette fausse monnaie à travers l'achat de trois têtes de mouton. « Il s'agit de billets de 2.000 et 1.000 DA, c'est la somme la plus importante saisie par nos services », a souligné l'officier supérieur. En effet, une vaste campagne de sensibilisation a été lancée en faveur des éleveurs pour parer à ce phénomène qui prend des proportions alarmantes durant les fêtes de l'Aïd El Adha dans cette région. Les chiffres officiels évaluent le potentiel ovin de la wilaya à 4 millions de têtes, fera savoir un éleveur local. Les chefs de brigades territoriales ont été instruits de recenser tous les éleveurs et leur cheptel à travers des fiches d'identification. Ils sont également contrôlés dans le cadre de la lutte contre le trafic d'armes. « On assure une présence permanente dans les zones reculées et isolées pour la protection des personnes et des biens. On a même procédé à la sensibilisation des bergers sur les dangers du pâturage dans des lieux non sécurisés à l'exemple de Djebel Boukehil, un lieu miné par des terroristes qui activaient dans cette région », dira le responsable de la GN. En outre, le plan spécial qui a été mis en place a permis le démantèlement de 15 réseaux spécialisés dans le vol et le trafic de cheptel durant les neuf premiers mois de l'année en cours ainsi que la récupération de 80% du cheptel volé « grâce à l'intervention rapide des unités opérationnelles », a précisé le chef de la gendarmerie de Djelfa. Au niveau du marché d'Ain Ibil, à 25 km du chef lieu de Djelfa, même ambiance. « Les prix sont stables mais ce n'est pas à la portée des bourses moyennes. Des moutons de race locale ont été vendus, ces derniers jours, à 80.000 DA, soit l'équivalant de 3.000 DA le kilogramme de viande » dira Karim ; un correspondant local de presse.