L'Egypte retient son souffle au moment où se réunit le comité chargé de réviser la Constitution pour voter ce texte. Plusieurs de ses articles ont déclenché de vives polémiques, notamment avec les militants et défenseurs des droits de l'Homme qui dénoncent le maintien des privilèges accordés à l'armée. Soutenus par quelques partis libéraux, ils protestent contre la « poursuite » des jugements des civils par l'institution militaire. Une question qui demeure au cœur des revendications depuis la révolte ayant renversé le président Hosni Moubarak en 2011. Pourtant, l'article 203 du texte prévoit qu'« aucun civil ne peut comparaître devant des juges militaires sauf en cas d'attaque directe contre les forces armées (...) leurs équipements (...) et leur personnel ». Mardi, 10 membres du comité ont suspendu leurs travaux pour protester contre la dispersion par la force et l'arrestation de dizaines de manifestants réclamant l'abrogation de cet article. Plusieurs partis politiques ont, de leur côté, menacé de se mobiliser en faveur du « non » au référendum constitutionnel prévu en décembre. L'article 233, qui réserve au Conseil suprême des forces armées (CSFA) le droit de regard sur le choix du ministre de la Défense durant deux mandats présidentiels, n'est pas, non plus, épargné par les critiques soupçonnant des velléités autoritaires de l'actuel ministre de la Défense, le général Abdel Fattah Al Sissi, chef de l'armée et également vice-Premier ministre. L'autre objet de discorde : l'identité de l'Etat qui continue à faire rage. Le comité a décidé de supprimer la formule « l'Egypte est un Etat civil » et la remplacer par « l'Egypte est un Etat démocratique moderne », soulevant les protestations des représentants de la communauté copte dont l'article 3 lui garantit pourtant la liberté religieuse aux côtés des juifs. Les coptes désapprouvent le maintien des articles 2 et 3 de la Constitution de 2012 stipulant que « l'islam est la religion de l'Etat » et les principes de la charia sont la source principale de la législation ». Vivement dénoncés, les initiateurs du projet de loi refusent de plier. « Le vote devrait durer un ou deux jours », a précisé Kamel Al Helbaoui, l'un des vice-présidents du comité, précisant que le texte sera ensuite remis au président par intérim Adly Mansour qui aura un mois pour le soumettre à un référendum.