Le président Mohamed Morsi a repris ses droits, en annulant un décret par lequel le Conseil suprême des forces armées (CSFA) s'était assuré de larges prérogatives, et en écartant plusieurs personnalités symboliques, notamment le maréchal Tantaoui, ancien ministre de la Défense de Moubarak et chef du CSFA. Mohamed Morsi fait le ménage. Alors qu'il a débuté son mandat dans l'ombre de la puissante armée égyptienne, le président égyptien est bien décidé à reprendre ses droits, et à le faire savoir. Le Frère musulman, qui a pris ses fonctions le 30 juin dernier, a pris de court les militaires dimanche, en mettant à la retraite d'office le maréchal Hussein Tantaoui, figure de l'ancien régime d'Hosni Moubarak –il a été son ministre de la Défense pendant près de deux décennies-, puis de la transition, puisque c'est lui qui était à la tête du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui a gouverné le pays après la chute de Moubarak le 11 février 2011. Hussein Tantaoui, âgé de 76 ans, a été remplacé à ses postes de ministre de la Défense et de président du CSFA par le général Abdellatif Sisi, suppléé par un vice-ministre de la Défense, le général Mohamed al Assar (autre figure du Conseil, qui avait notamment promis des élections libres avant le scrutin). Ce dernier a d'ailleurs expliqué que la décision du chef de l'Etat d'écarter Hussein Tantaoui avait été prise après des consultations avec l'intéressé et le conseil militaire, rapporte Reuters. Mohamed Morsi a également mis à la retraite le général Sami Ena, 64 ans, chef d'état-major des armées, remplacé par le général Sidki Sohbi Les deux officiers ont été nommés conseillers auprès du chef de l'Etat. Autre mesure phare prise dimanche: l'abrogation du décret constitutionnel pris par l'armée quelques jours avant le résultat des élections, amoindrissant les prérogatives du chef de l'Etat. Publié le 18 juin, l'amendement permettait au CSFA de garder la main sur le budget, mais aussi la Défense, puisqu'il impose au nouveau président de ne déclarer la guerre qu'«avec l'approbation du conseil militaire». En outre, le texte prévoit que le président soit remplacé une fois qu'une nouvelle Constitution aura été rédigée par une commission «représentant tous les segments de la société» et approuvée par référendum -sachant que le Conseil s'est octroyé un droit de veto sur tout article qu'il estimerait «contraire aux intérêts suprêmes du pays». Une manigance qui avait révolté nombre d'Egyptiens –les médias locaux avaient titré sur le «coup militaire» et le «président sans pouvoir»-, et inquiété la communauté internationale, à commencer par les Etats-Unis, qui ont soutenu la révolution mais ne peuvent se passer de l'armée pour assurer la sécurité régionale. Mohamed Morsi a par ailleurs nommé un magistrat, Mahmoud Mekky, au poste de vice-président de la République. Ce juge a pour frère le nouveau ministre de la Justice, le réformiste Ahmed Mekky, qui avait dénoncé sous Moubarak les fraudes électorales. Plus tôt la semaine dernière, le président avait déjà remercié le chef du service de renseignement. Toutes les mesures annoncées dimanche ont pris effet sur le champ, a précisé la télévision d'Etat.