Les négociations pour déterminer le calendrier de la formation du gouvernement, qui conduira la Tunisie vers des élections, ont repris, hier, au siège du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle. Parrainés par l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), ces pourparlers, qui ont été reportés à trois reprises, doivent fixer le calendrier de l'entrée en fonction de Mehdi Jomaâ, le Premier ministre « désigné » par consensus le 14 décembre dernier et la démission d'Ali Larayedh. Ennahda, le parti islamiste qui dirige le gouvernement depuis octobre 2011, accepte de quitter le pouvoir si la Constitution, en « gestation » depuis deux ans, est adoptée et le calendrier des futures élections fixé. En attendant la formation de ce cabinet qui pourrait prendre ses fonctions le 14 janvier, jour de la chute du régime de Zine El-Abidine Ben Ali et anniversaire de la prise de fonctions du nouveau gouvernement, les Tunisiens se demandent si leur futur Premier ministre, qui s'est engagé à former un gouvernement « indépendant par sa composition, son programme et son action » et « favoriser les conditions appropriées pour des élections transparentes et crédibles, d'assurer la sécurité des Tunisiens et de promouvoir l'économie », réussira là où ses prédécesseurs ont échoué. Ennahda reste, avec 89 députés sur 217, le premier groupe politique à l'Assemblée nationale et trois ans après la révolution, les Tunisiens n'ont pas la vie « promise ». Certains, notamment ceux qui habitent les zones plus éloignées des grandes villes, ont la conviction qu'ils vivent moins bien qu'avant. Ceux des villes dénoncent le manque d'avancées politiques, économiques et sociales et imputent tous les maux au parti de Rached Ghannouchi. Outre ces « retards » qui étaient au cœur du soulèvement de 2010-2011, le pays est déstabilisé par les groupes djihadistes.