Les tractations pour former un gouvernement en Tunisie semblent aussi ardues que le consensus trouvé il y a quelques jours autour du futur Premier ministre. Ce dernier a indiqué, hier, dans une brève déclaration à la presse, qu'il menait des consultations pour le choix d'un gouvernement d'indépendants, afin de sortir la Tunisie de la profonde crise politique dans laquelle se débat le pays depuis février 2013. Date de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. Une crise exacerbée après l'assassinat du député Mohamed Brahmi en juillet dernier. Depuis cette date, la classe politique tunisienne n'arrive pas à se mettre d'accord sur le gouvernement qui poursuivra cette phase de transition avant le référendum sur la Constitution et les législatives. «Dans le cadre des consultations, j'ai rencontré le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) Mustapha Ben Jaafar. Les consultations sont en cours et nous ne sommes pas arrivés à la phase de formation du gouvernement», a-t-il précisé. Il a ajouté à l'issue de son entretien avec M. Ben Jaafar au siège de l'ANC, que son cabinet serait formé de personnalités «indépendantes» sur le plan politique et «compétentes», se refusant à toute autre précision. Il s'agit de la première déclaration à la presse de M. Jomaâ, depuis sa désignation samedi pour prendre la tête du gouvernement, après deux mois de tractations. Les pourparlers pour déterminer le calendrier de formation du gouvernement par M. Jomaâ et pour fixer le calendrier de son entrée en fonction et donc de la démission du Premier ministre Ali Larayedh, issu du parti islamiste Ennahda, débuteront vendredi, selon le syndicat Ugtt qui parraine ces pourparlers. Âgé de 51 ans, M. Jomaâ, ingénieur de formation, n'a jamais été actif en politique sous le régime de Zine al-Abidine Ben Ali, renversé par la révolution de janvier 2011. Il est une personnalité peu connue du public dont l'expérience politique a débuté en mars 2013 avec son entrée dans l'actuel cabinet en tant que ministre de l'Industrie. Le futur gouvernement aura la charge de faire sortir le pays d'une profonde crise politique, déclenchée fin juillet à la suite de l'assassinat par balles d'un opposant de gauche, et de promouvoir une économie en berne depuis la révolution du 14 janvier 2011. Les islamistes d'Ennahda, qui dirigent l'actuel gouvernement, ont accepté de quitter le pouvoir à condition qu'en parallèle soit adoptée la future Constitution, en cours d'élaboration depuis deux ans, et que le calendrier des futures élections soit fixé. M. N.