Alexandre-Ferdinand Nguendet, le président centrafricain pour 15 jours au maximum, siffle la fin de la recréation. « Aux ex-Séléka, aux anti-Balaka et aux amoureux du pillage, je vous lance une mise en garde sévère, la récréation est terminée. Aujourd'hui, c'est une honte pour la nation de voir la sécurité du peuple centrafricain confiée à des organisations régionales et internationales », allusion au déploiement de la force africaine et de l'opération française, dit-il, avant d'entamer des consultations avec la classe politique et la société civile pour l'élection par les 135 membres du Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire) d'un président de transition au plus tard le premier semestre 2015. Léa Koyassoum Doumta, la vice-présidente du CNT, dresse un portrait-robot de celui ou de celle qui doit remettre en marche un pays très pauvre et de surcroît déchiré par d'incessantes violences : « Compétent, intègre, respecté et non ambitieux », et en mesure d'« unir les Centrafricains, réconcilier au vrai sens du terme musulmans et chrétiens, rassurer les ex-Séléka et les anti-Balaka qui sont des produits que nous avons créés, et préparer le terrain à l'organisation d'élections libres, démocratiques, transparentes ». Il est vrai que le successeur au président démissionnaire, Michel Djotodia, va hériter d'un million de déplacés – sur une population totale de 4,6 millions d'habitants – et d'une crise humanitaire sans précédent. Même s'il bénéficie du soutien – politique, militaire, financier – de la communauté internationale, il aura peu de temps. D'où le refus de tous les ténors de la classe politique à briguer ce poste de président provisoire. Parmi les noms qui se chuchotent, il y a des officiers de l'Armée. En attendant la désignation ce matin du nouveau Président par les 135 députés, Nguendet promet le retour de la police et de la gendarmerie, totalement absentes dans la capitale depuis des semaines, « d'ici soixante-douze heures » et l'entame du « désarmement » des milices. Selon le général Ferdinand Bomboyeke, chef d'état-major de l'Armée centrafricaine, des centaines de soldats, qui avaient rejoint les milices, ont regagné leur commandement à Bangui.