Les producteurs algériens de boissons organisés au sein de l'Apab ont été les premiers à dénoncer des couacs dans la mise en œuvre de l'accord de libre-échange signé récemment entre l'Algérie et la Tunisie et qui est censé favoriser les relations commerciales entre les deux pays sans entraves. Selon le directeur général des Nouvelles conserveries algériennes (NCA), Sahbi Othmani, « les autorités tunisiennes appliquent une taxe de 25% sur les produits algériens pour décourager les importations », alors qu'en parallèle, les produits tunisiens « sont admis en Algérie sans droits et taxes », ce qui constitue une « concurrence déloyale », affirme-t-il. De ce fait, il suggère que l'on agite le principe de la réciprocité. M. Othmani a fait savoir que des camions des NCA chargés de boissons et destinés au marché tunisien ont été « bloqués plus d'un mois aux frontières », les Tunisiens appliquant aussi « une procédure d'autorisation ». « La société NCA a dû rapatrier les cargaisons », explique-t-il. Une requête a été adressée au ministère du Commerce dans ce sens qui l'a transmise à son homologue tunisien, ajoute M. Sahbi. Ce dernier a le soutien de l'Apab, puisque cet « incident » pourrait toucher aussi les autres producteurs algériens. C'est un sujet qui doit être pris au sérieux puisque la filière boissons occupe en Algérie « la 6e position en matière d'exportations hors hydrocarbures », selon le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Nasri Bey. « Ces exportations ont progressé de 10% en 2013 pour atteindre les 34 millions de dollars, soit plus que les recettes tirées de l'exportation des dattes », a-t-il précisé. M. Nasri a appelé, à cette occasion, les pouvoirs publics à « donner les moyens à ces entreprises d'être compétitives et à les protéger ». La rencontre de l'Apab, qui fête ses dix ans d'existence, n'était pas destinée uniquement à cette question. Elle a permis à son staff de parler de la mise à niveau de ce qui a été fait en 2013, des nouveaux décrets sur l'information du consommateur et les additifs alimentaires ainsi que de l'obligation d'abroger la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) (2%) qui est « une source d'évasion fiscale et de prolifération du marché informel », comme l'explique M. Othmani des NCA. Son abrogation pour les grossistes permet à ces derniers « d'entrer dans la légalité et de payer une TVA beaucoup plus importante que le produit de la TAP », explique-t-il. Par ailleurs, l'Apab a tenu à dénoncer, entre autres problèmes, « le manque de concertation avec les producteurs » pour la mise en œuvre de la liste négative dans le cadre de la zone arabe de libre-échange. L'administration, explique Ali Hamani, président de l'association, « met sur la liste négative un produit (qui ne sera plus exonéré des droits de douane) dès lors qu'elle apprend, sans le vérifier réellement, qu'il y a un producteur local qui fait ce produit ». Résultat, « des matières premières sont exclues alors que des produits finis sont admis avec tous les avantages, c'est-à-dire sans versement des droits de douane ». Enfin, autre sujet critique, puisque l'Apab a participé aux travaux des cinq sous-groupes de la tripartite, l'abrogation de l'article 87 bis qui détermine le SNMG. « L'Apab est, encore une fois, contre », car « il faut mesurer son impact », estime son président.