Au menu de cette visite de trois jours : un soutien à la stabilisation en cours et une exhortation des Maliens à reprendre le dialogue politique et inclusif, et ce, pour trouver une solution à la rébellion qui affecte leur pays au Nord. Un accord signé, le 20 juin dernier, à Ouagadougou, entre Bamako et les groupes du Nord prévoyait l'ouverture de négociations sur le statut territorial de l'Azawad, mais ces négociations, qui auraient dû s'ouvrir 60 jours après l'installation du gouvernement, issu de l'élection présidentielle d'août dernier, n'ont jamais commencé. Les raisons ? Globalement, elles sont au nombre de trois. Primo, le lieu des discussions. Le président Ibrahim Boubacar Keïta exige qu'elles se tiennent à Bamako si réellement l'intégrité territoriale du pays est acceptée par toutes les parties. Les différents groupes armés du Nord suggèrent un terrain neutre : Mopti, une ville à la limite entre le Nord et le Sud que la délégation onusienne a inscrite dans son agenda. Secundo, la qualité des interlocuteurs. Les représentants du Nord éprouvent d'énormes difficultés à se mettre sur la même longueur d'onde. Tertio, le président Keïta refuse de négocier avec des groupes qui ne sont pas désarmés. Ces derniers lui répliquent que l'accord de Ouagadougou prévoit leur cantonnement et non leur désarmement. « Sept mois après le déploiement de la Minusma (Mission multidimensionnelle des Nations unies de soutien au Mali), la visite du Conseil de sécurité a pour objectif de soutenir la stabilisation du pays et l'action de cette force », a déclaré le représentant permanent de la France aux Nations unies. Et d'ajouter : « Les membres du Conseil souhaitent appuyer la mise en place dès que possible d'un dialogue national inclusif pour une solution durable au nord du Mali ». « Cette solution ne peut être que malienne, décidée par les Maliens, et pour le Mali » a-t-il précisé, toutefois, les relations entre IBK et Bert Koenders, le chef de la Minusma, sont tendues depuis octobre dernier. Les Casques bleus n'ont pas pu circonscrire des manifestants « autonomistes » opposés à la venue d'une délégation du Premier ministre à Kidal. Ce dernier a été contraint de faire demi-tour. Selon la presse malienne, IBK demandera la tête de Bert Koenders pour « gestion calamiteuse » de la Minusma. Autre sujet de préoccupation des « quinze » qui ont réaffirmé, le 23 janvier dernier, leur attachement à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du Mali : la situation humanitaire, notamment, au Nord. « Il y a toujours des ménages qui sont très vulnérables et avec la baisse de production de cette année, ils vont le rester et auront donc besoin d'une assistance importante », a expliqué David Gressly, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l'ONU pour le Mali. Selon onze organisations non-gouvernementales, dont Oxfam, plus de 800.000 personnes « ont besoin d'une assistance immédiate au Mali » à cause des « faibles récoltes de ces deux dernières années » et du « contexte sécuritaire instable » et « trois millions de personnes risquent de ne plus avoir de quoi manger dans les prochains mois ».