Après une semaine houleuse, marquée par des manifestations de violence dans plusieurs communes, un calme précaire règne dans la wilaya de Ghardaïa. « Cela fait trois jours que les choses sont rentrées dans l'ordre. Aucun acte de violence n'a été enregistré ces derniers jours », nous affirment les habitants de la région. L'heure est au recensement des pertes occasionnées. Une opération menée par les autorités locales qui a touché, dans un premier temps, les commerçants. Le dispositif des forces de sécurité déployé a permis la reprise de l'activité commerciale à travers l'ouverture d'un grand nombre de magasins. Les écoles ont, dans leur majorité, également rouvert leurs portes. Néanmoins, ces indices ne sont pas synonymes d'un retour définitif au calme dans la mesure où « une tension palpable est encore ressentie ». « Les gens circulent librement, de jour comme de nuit, mais il y a encore un fort sentiment de méfiance et de peur. Nous craignons que la situation dégénère de nouveau », nous diront des citoyens. L'installation des conseils de notables dans les cinq communes et d'un conseil intercommunal au niveau de la wilaya suit son cours, une initiative du gouvernement visant à ramener la paix dans la région. L'installation de ce conseil est très attendue, étant donné qu'il représente une étape décisive dans la reprise du dialogue. « Nous n'avons pas tenu de réunion depuis la rencontre avec le Premier ministre à Alger. Ce conseil nous permettra de nous pencher sur les différents problèmes et préoccupations des citoyens », a indiqué Bouameur Bouhafs, président de la Fondation des malékites. La désignation des représentants des Chaâmbis au sein de ces instances « est à sa phase finale », a-t-il dit. Si dans les communes de Bounoura, El Attef et Guerrara, tous les représentants ont été élus ou désignés par consensus, la situation avance moins bien dans la commune de Ghardaïa, où les quartiers Chabat El Nichane et Mermed n'ont toujours pas désigné leurs représentants. Berriane reste un cas particulier. Fortement touchée par les violences au début de la semaine écoulée, après une paix qui a duré près de cinq années en vertu d'un pacte signé entre les deux communautés, la situation dans cette localité semble précaire. « Je ne peux pas me prononcer encore sur ce qui se passe à Berriane », s'est contenté de nous dire M. Bouhafs. L'installation du conseil intercommunal est en stand-by. C'est l'Algérie qui est ciblée Du côté des ibadites, la concrétisation de cette initiative dépend du facteur de temps. « Il n'y a toujours rien pour le moment. Nous n'avons pas encore été convoqués pour l'installation de ces instances », a indiqué M. Doudou. Il dira que la communauté « est prête dans la mesure où les membres de ces conseils sont désignés et connus de tous ». Néanmoins, on s'interroge sur « le rôle, l'utilité et le statut de ces instances ». Notre interlocuteur insiste pour que ces instances soient impliquées et consultées dans toutes les affaires qui concernent la région. « L'Etat doit les renforcer aux yeux de l'opinion locale », a-t-il rappelé. Il est à signaler que de nombreuses initiatives de paix et de réconciliation sont initiées par les citoyens des autres wilayas. « Nous sommes en train de recevoir des délégations de citoyens venues de 47 wilayas. Elles nous parlent, elles tentent de comprendre la situation en vue de contribuer au retour de la sécurité dans la région », a précisé M. Doudou. Ces initiatives sont menées, selon lui, par des Algériens qui n'ont aucune appartenance politique. « Le sujet des violences a fait le buzz sur les réseaux sociaux et dans les médias, ce qui a éveillé leur curiosité », a-t-il ajouté. « Ce sont des gens conscients qui ont compris que c'est l'Algérie qui est visé par cette violence et non pas Ghardaïa seulement », note-t-il. C'est carrément une « caravane citoyenne de paix vers Ghardaïa » qui est en train de s'organiser. « Ce sont les citoyens de la ville de Khenchela qui ont pris cette initiative avec l'aide des autres wilayas. Ils disent revenir avec un projet concret dans les prochains jours. » M. Doudou estime que « l'impunité doit cesser et toute personne qui menace la stabilité et la sécurité de la région et de sa population doit être sanctionnée ».