Un sentiment de soulagement a été ressenti, hier, à Ghardaïa, au lendemain de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. « Les festivités se sont déroulées dans le calme et la sérénité. C'est rassurant. Le Premier ministre qui a joint la main d'un Mozabite à celle d'un Chaâmbi, comme signe de fraternité et d'union », affirment des membres des deux communautés. Des efforts sont déployés pour la mise en place d'un conseil des sages, avant la fin du mois en cours. Les membres des deux communautés, ibadite et malékite, poursuivent les consultations pour la désignation de leurs représentants au sein de cette nouvelle structure qui sera, désormais, l'instance chargée du traitement de tous les problèmes posés. Malékites : impliquer les jeunes « La visite de M. Sellal dénote l'intérêt que porte le gouvernement à la wilaya de Ghardaïa et aux évènements qui ont eu lieu récemment », a indiqué Bouameur Bouhafs, président de la Fondation des malékites, assurant que « la ville a repris son calme et la tension a baissé d'un cran », en dépit de « quelques perturbateurs qui appellent à la division ». « Nous refusons ce langage et nous n'acceptons pas de porter atteinte à l'unité nationale. Le peuple algérien doit être rassemblé et non divisé », dira-t-il. M. Bouhafs a dénoncé les propos rapportés par certains titres de la presse sur « le refus de l'installation du conseil des sages à Ghardaïa avant même l'arrivée du Premier ministre ». « Bien au contraire, c'est nous qui avons demandé, et par écrit, l'installation de ce conseil », a-t-il souligné. Cette nouvelle instance doit être tenue par « des notables actifs sur le terrain avec une participation très importante des jeunes qu'il faut absolument impliquer dans ce processus de paix ». Ce conseil doit discuter de tous les dossiers, objets de divergence entre les deux communautés, et trouver les solutions idoines à tous les conflits. C'est dans ce sens que des commissions communales vont être installées au niveau de Ghardaïa, Guerara, Berriane, Bounoura et El Attef. Une commission intercommunale est également prévue. A propos de la composante de ces commissions, M. Bouhafs a signalé que la priorité sera donnée à la représentativité des citoyens, des jeunes surtout. « Personne ne peut se substituer à ces deux catégories si l'on veut garantir le succès de cette initiative », estime-t-il. Quant au choix des membres, il a affirmé que « chaque commune est libre d'opter pour l'élection ou le consensus ». Notre interlocuteur appelle à l'accélération de l'application des mesures prises récemment pour l'indemnisation des victimes des dernières échauffourées. « Les gens vivent une situation très difficile, et il y a vraiment urgence en la matière puisque ce sont des familles entières qui ont quitté leurs maisons pour vivre ailleurs et de manière provisoire », a-t-il indiqué. Mozabites : protéger nos jeunes des fléaux Un avis partagé par Bahmed Doudou, coordinateur du conseil El Kourti des Mozabites. « L'accompagnement de l'Etat et l'application des mesures annoncées récemment doivent se faire de manière sérieuse et rigoureuse », a-t-il estimé. Ces mesures, qui portent, selon lui, sur « le partage équitable du foncier » et la prise en charge des « préoccupations des jeunes », sont salutaires et importantes pour en finir définitivement avec le conflit. « Je parle notamment de la prise en charge des problèmes des jeunes, comme le logement et le travail. Ghardaïa connaît les mêmes problèmes que les autres wilayas. Nos jeunes souffrent du fléau de la drogue qui sévit ces dernières années. Dire que le problème à Ghardaïa est d'ordre ethnique est totalement faux car il s'agit d'abord d'une revendication de développement », a-t-il indiqué. Pour lui, la visite du Premier ministre a été « une occasion propice de discuter des problèmes et de se faire une idée sur ce qui se passe réellement sur le terrain ». A propos de l'installation d'un conseil des sages, M. Doudou a jugé l'initiative « louable et salutaire ». Il alerte sur la nécessité de faire attention à sa mise en œuvre, notamment en ce qui concerne la représentativité. Selon lui, la société mozabite est très structurée, et il est très facile de désigner ses représentants au sein de ce conseil étant donné que ce système ancestral a toujours été en vigueur et a porté ses fruits. « Il faut faire en sorte qu'on n'ait pas des représentants rejetés par la population dans l'autre camp », a-t-il indiqué. Il a estimé qu'au niveau de la commune, cette commission peut être composée des comités de quartier et de membres de la société civile mais au niveau national, c'est aux notables et aux sages de jouer le jeu, car ils ont une meilleure connaissance des problèmes de la région. « Chez nous, l'implication des jeunes se fait de manière automatique car le conseil des notables compte des jeunes et des intellectuels », a-t-il signalé. La concertation sur l'installation de ces commissions a commencé depuis la visite à Alger d'une délégation des notables de Ghardaïa pour s'entretenir avec le Premier ministre. A propos du rôle de ce conseil, M. Doudou observe que cette instance doit être partie prenante dans la gestion de toutes les affaires qui concerne la wilaya. « Il est question de l'impliquer dans la gestion des dossiers du logement, du développement local et de la communication avec les jeunes », a-t-il affirmé.