Vous êtes, pour la seconde fois, membre du jury des journées maghrébines du théâtre à El Oued. Parlez-nous de cette expérience et comment se déroule la présélection... J'ai, en effet, pris part à cette manifestation l'an dernier, aujourd'hui je reviens. C'est toujours avec un énorme plaisir que je réponds à cette sollicitation. Au sein du jury, il règne une excellente atmosphère. Des fois, on partage les mêmes décisions, parfois ce n'est pas le cas. A chacun ses arguments. Y a-t-il un spectacle ou encore un comédien qui vous a marqué ? Bien évidemment. Je pense particulièrement à la pièce qui a été jouée le premier jour de la compétition. La pièce s'intitule « Khonnar », (scandaleux) de l'Etoile du théâtre de Gafsa, mise en scène par Nasreddinne Jelloul, texte de Rachad Zouari. Concernant les comédiens qui se sont démarqués, je pense à l'actrice tunisienne Awatef Mbarek. J'ai adoré sa volonté de transmettre son savoir-faire et son audace artistique. Je félicite son génie créatif. Des insuffisances ? Il est fort probable qu'on annule deux prix de cette compétition. Il s'agit des prix de la scénographie et du meilleur spectacle, à cause de l'état de la scène qui ne sied pas aux représentations théâtrales. Votre théâtre a un style, une forme et des langues toujours différents. Une particularité ? J'ai un penchant pour le théâtre de la cruauté et le théâtre mystique. Le théâtre que j'exerce est caractérisé par une expérimentation passionnée par la volonté de s'adresser à un public vaste, varié et nuancé. J'aime tabler sur le jeu d'acteur. Sur scène, nous sommes souvent en quête des instants où la forme expressive et l'univers intérieur se croisent et concèdent au bouleversement d'une révélation. Quel but vous assigniez-vous à travers vos œuvres ? Le but des pièces est de toucher et faire réfléchir ses spectateurs pour les inciter à agir dans leur vie quotidienne. Particulièrement, la loyauté envers soi-même afin d'avancer car qui stagne recule. La pièce de théâtre, par l'identification des spectateurs aux personnages, permet à ceux-ci de mieux cerner leur vie. Aujourd'hui, le théâtre algérien connaît un essor avec l'émergence d'une nouvelle génération d'hommes et de femmes au talent avéré malgré une formation et un encadrement insuffisants... Il est vrai que les jeunes talents issus de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel d'Alger, (ISMAS) des théâtres amateurs ou encore des coopératives théâtrales, permettent un certain optimisme. L'audace dont font montre ces jeunes en s'attaquant sans complexe au répertoire mondial, notamment la tragédie et le théâtre de l'absurde, est de bon augure pour l'avenir du théâtre dans notre pays. Concernant le développement de la production théâtrale, il est utile de signaler que le soutien de l'Etat aux divers projets initiés dans ce secteur est pour beaucoup dans l'émergence de nouveaux talents qui apportent un regard neuf, notamment sur les plans esthétique et culturel. Quelles sont les qualités d'un bon comédien, selon vous ? La personnalité, la sensibilité, le don de plaire, mais avant tout la sincérité dans le jeu, c'est lorsqu'il est immobile et silencieux que l'on peut reconnaître un grand comédien. Une programmation future ? On compte adapter l'œuvre « L'âne d'or » d'Apulée, dans le cadre de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 ». Dans ce travail, j'envisage de collaborer avec des comédiens comme Amine Hiahoum, Mustapha Safrani et d'autres.