« Mille ans de solitude et de tristesse pour la mort du plus grand Colombien de tous les temps », a annoncé le président colombien, Juan Manuel Santos, sur son compte Twitter, en référence à son chef d'œuvre « Cent ans de solitude » paru en 1967. Lors d'une allocution à la télévision, le président colombien a décrété un deuil national de trois jours. « La Colombie entière est en deuil, puisqu'est parti le compatriote le plus admiré et le plus aimé de tous les temps », a-t-il affirmé. « Il a été, et je n'exagère pas, le Colombien qui, dans toute l'histoire de notre pays, a porté le plus loin et le plus haut le nom de notre patrie », a-t-il poursuivi. Jeudi après-midi, de nombreux badauds s'étaient massés devant le domicile de « Gabo » de Mexico, dans le quartier cossu de El Pedregal de San Angel. Ces derniers jours, il se trouvait, selon sa famille, dans un état de santé « très fragile ». Le 8 avril, il avait quitté un hôpital de Mexico après y avoir subi huit jours de traitement pour une pneumonie. Le quotidien mexicain El Universal, citant des « sources dignes de foi », avait indiqué, en début de semaine, que le cancer lymphatique dont avait été victime Gabriel Garcia Marquez il y a 15 ans était réapparu et s'étendait maintenant aux poumons, aux ganglions et au foie. Hommages et tristesse Les réactions n'ont pas tardé. Des personnalités politiques de premier ordre, des intellectuels de renom ont réagi à cette disparition et ont exprimé leur tristesse. Dans un communiqué publié par la Maison Blanche, le président américain Barack Obama a estimé que « le monde a perdu l'un des ses plus grands écrivains visionnaires, et l'un des mes préférés quand j'étais jeune ». Installé au Mexique depuis 1961, avec des périodes de séjour alternées à Carthagène (Colombie, Barcelone et La Havane, Garcia Marquez vivait depuis plusieurs années retiré de la vie publique et, lors de ses rares apparitions, ne faisait aucune déclaration à la presse. Garcia Marquez avait fait sa dernière apparition publique le 6 mars lorsqu'il était venu à la porte de sa résidence du sud de Mexico, où il vit depuis plus de 30 ans, pour recevoir des journalistes venus lui rendre visite pour son anniversaire. Le Colombien est considéré comme l'un des plus grands écrivains de l'histoire de la littérature de langue espagnole. L'œuvre qui lui a valu la célébrité est « Cent ans de solitude », roman publié en 1967, traduit depuis en 35 langues et vendu à plus de 30 millions d'exemplaires. Le père du « réalisme magique » est l'auteur de quelques-uns des romans les plus populaires du XXe siècle comme « Pas de lettre pour le colonel » (1961), « Chronique d'une mort annoncée » (1981) et « L'amour au temps du choléra » (1985). Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1982. La célèbre académie avait alors salué une œuvre « où s'allient le fantastique et le réel dans la complexité riche d'un univers poétique reflétant la vie et les conflits d'un continent ». Sa dernière œuvre, « Mémoire de mes putains tristes », est parue en 2004. Le président mexicain Enrique Peña Nieto a exprimé ses condoléance au nom du Mexique en soulignant sur son compte Twitter : « Né en Colombie, il avait fait, depuis des décennies, de Mexico, son foyer, enrichissant ainsi notre vie nationale ». L'ex-président américain Bill Clinton a loué le « don unique d'imagination, de clarté de pensée et d'honnêteté émotionnelle » de celui qui fut son ami pendant plus de 20 ans ». L'auteur brésilien Paulo Coelho a salué l'écrivain qui « a brisé le mur entre la réalité et la fantaisie, ouvrant la voie à toute une génération d'écrivains sud-américains ».