C'est désormais une tradition. Le théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou a rendu un hommage mérité à un monstre sacré du théâtre et du cinéma algériens. Samedi, Fatiha Berber, resplendissante comme elle ne l'a jamais été, fut émue par ce geste de reconnaissance. « Cela me touche et me marquera à jamais tant un tel hommage est à la grandeur des femmes et des hommes qui travaillent pour la culture dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Je ne remercierai jamais assez M. Ould-Ali pour tout ce qu'il fait pour la culture nationale » a-t-elle déclaré. Le directeur de la culture dira de son côté que « nous ne faisons que notre devoir de reconnaissance pour tous ceux qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour la plénitude de notre culture et surtout résisté aux vicissitudes de la vie d'un artiste qui n'est pas aisée ». Fatiha Berber a été touchée par tous les témoignages exprimés par ses amis comme Mohamed Adjaimi, Bahia Rachedi ou encore Omar Fetmouche, Wahiba Zekkal et Rabia Abdelhamid. Tous ont été unanimes pour dire que Fatiha Berber a été une femme remarquable mais aussi une bête de travail. « Elle ne sait pas tricher. Elle se donnait à fond dans tout ce qu'elle faisait » nous dira M. Adjaimi. Fatiha Berber a reçu un portrait réalisé par les étudiants de l'Ecole des Beaux Arts de Azazga. Outre le témoignage de ses amis, le public, qui a pris part à cette manifestation, a eu à admirer, à travers une projection vidéo retraçant, son parcours artistique et la représentation du monodrame intitulé « Wach N Semmih » de la coopérative théâtrale « Laarini » d'art dramatique d'Annaba. Une multitude de rôles Fatiha Berber, de son vrai nom Bellal Fatiha, est née le 11 février 1945 à la Casbah (Alger). Très jeune, elle était familière, avec sa famille, des spectacles de Maheiddine Bachtarzi. C'est lui qui l'amena au conservatoire d'Alger vers la fin des années 50. En 1959, elle a débuté dans l'orchestre de Meriem Fekkaï avant de rejoindre, quelques mois plus tard, le conservatoire d'Alger dans la section « Art dramatique ». Elle participera à la lutte de libération nationale puis retrouve le chemin de l'expression artistique interprétant plusieurs rôles au cinéma et au théâtre. La comédienne, à qui le réalisateur Mustapha Gribi a confié, en 1959, un rôle dans la pièce « Les femmes savantes », adaptée de l'œuvre de Molière, a ensuite joué dans les « Ah Ya Hassen » et « Les concierges » de Rouiched, « Les chiens » et « Diwan el garagouz d'Abderrahmane Kaki notamment. Fatiha Berber, présidente de l'association « Les amis de Rouiched », a également interprété des rôles principaux dans de nombreux films à l'instar de « Fait divers » et « Hassen taxi » et dans plusieurs téléfilms dont « El Bedra » (La graine) et « El la'ib » (Le joueur) aux côtés de Mohamed Adjaimi. Elle a côtoyé de grandes femmes et de grands hommes dans tous les jours de la vie, sur les planches d'un théâtre ou devant une caméra qui l'ont soutenu dans son travail et permis de faire preuve de pugnacité. Parmi eux Keltoum, Nouria , Baya Rachedi, Rouiched, Mohamed et Said Hilmi, Sid Ali Kouiret et tant d'autres encore vivants ou disparus qui ont marqué le théâtre et le cinéma dans notre pays.