Le FLN compte peser de tout son poids, celui de première force politique du pays, pour faire valoir ses propositions concernant la révision de la Constitution. Aboufadel Baâdji, juriste et cadre du FLN, nous dira que son parti est porteur de nombreuses propositions s'inscrivant dans le cadre des « principes » déjà défendus par le chef de l'Etat dans sa première mouture constitutionnelle soumise à débat. Ainsi, pour ce qui est des libertés individuelles, le FLN proposera au ministre d'Etat, directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, d'offrir davantage de garanties en ce sens. Baâdji cite le cas des citoyens placés en garde à vue et qui parfois subissent des pressions injustes. A ce titre, il propose d'exiger la présence d'un avocat pour défendre la personne en garde à vue, et ce, avant d'ouverture d'une enquête. Pour ce qui est de la composition de l'Exécutif, le juriste considère que le gouvernement doit être issu de la majorité parlementaire. Autrement, « le choix du peuple exprimé n'est pas traduit au sein du gouvernement », relève-t-il. Car, selon lui, un gouvernement qui n'est pas formé de la majorité parlementaire n'a pas de responsabilité politique. Dans cette optique, il a fait savoir que le FLN est de ceux qui défendent l'idée que le Conseil de la nation, à l'instar de la Chambre basse, a le droit de faire des propositions de loi dans le cadre de l'action législative du Parlement. Le FLN, qui propose qu'un groupe de députés puisse saisir le Conseil constitutionnel, insiste sur le rôle que doivent jouer les enquêtes parlementaires et sur le besoin de les mener à terme. Le FLN maintient-il sa proposition sur l'instauration d'un vice-président ? « Si le gouvernement revient à la majorité, ce poste n'aura plus sa raison d'être », estime Baâdji. Le parti d'Amar Saâdani suggère à Ouyahia l'instauration d'un régime semi-présidentiel, car « l'Algérie n'est pas encore prête pour un régime parlementaire ». Baâdji fera savoir que le FLN envisage aussi de mettre l'accent sur le besoin de revoir la notion de service public. « L'administration doit se limiter à ce rôle et non s'ériger en autorité bureaucratique », indique-t-il. Aussi, le FLN compte proposer des amendements pour obliger l'administration à répondre aux doléances des citoyens.Il demandera également la protection des cadres de la nation, la constitutionnalisation de la lutte contre la fraude et la bureaucratie. Le juriste a fait savoir, par ailleurs, que le FLN compte introduire dans ses propositions la question de l'officialisation de tamazight et la consolidation de la réconciliation nationale en tant que constante constitutionnelle. A cela s'ajoute le renfoncement du pouvoir judiciaire. Les redresseurs ont aussi leurs propositions Les redresseurs du FLN, même s'ils ne sont pas invités à ces consultations politiques, n'ont pas manqué de rendre publiques leurs propositions sur le projet de révision constitutionnelle. Dans un document de 18 pages, ils plaident pour la protection de l'économie contre toute forme de malversation, de détournement, de corruption, de trafic et d'abus. L'impartialité de l'administration doit être garantie par la loi. Pour ce qui est du mandat présidentiel, les redresseurs proposent une durée de cinq ans renouvelable une seule fois. Concernant le Conseil constitutionnel, ils recommandent d'augmenter e nombre de ses membres en vue d'assurer une représentation équilibrée des trois pouvoirs et de créer le poste de vice-président pour assurer la stabilité de cette institution.