Il est 14 h. En plein désert, la plateforme pétrolière MDZ 663 sur laquelle se dresse le chantier de forage 29.Le lieu est situé à 14 km de la ville de Hassi Messaoud, dans la wilaya d'Ouargla. C'est un projet de Sonatrach en collaboration avec l'américain Halliburton, lit-on sur des affiches. Sous un soleil de plomb, les équipes de l'Entreprise nationale de forage (Enafor), filiale du Groupe Sonatrach, s'affairent à la recherche de l'or noir. Sur place, le directeur de l'entreprise, Rezki Rihane, veille au grain. Ici, 110 agents travaillent en 2 équipes 12 heures par jour chacune. L'Enafor dispose de 38 appareils au total, dont 12 pour la maintenance des puits (wark cover), soit des opérations de reprise d'exploitation au profit de la division de production de Sonatrach et 26 autres pour la division forage. « C'est un appareil qui réalise le forage d'un puits horizontal », souligne Rihane. L'appareil est composé d'un moufle fixe, d'une tour de forage, d'un moufle mobile, d'un crochet de levage, d'une tête d'injection, de flexible d'injection de boue, d'un treuil, d'un moteur, de deux pompes à boue et de bacs de 500 m3 chacun. Ici, on ne badine pas avec les règles de sécurité. Il est interdit de fumer ou d'accéder au site sans autorisation et sans accompagnateur. En outre, le port du casque et des chaussures spécifiques à la mission sont obligatoires. En cas d'alerte, un coup court puis un autre long renseignent sur un risque d'incendie et deux coups longs signifient qu'il y a incendie. Quand l'alarme est déclenchée, tout le monde se dirige dans le sens du vent et suit les fanions allumés qui indiquent la direction à prendre. « La politique de l'entreprise se résume à zéro accident, zéro incident et zéro atteinte à l'environnement », résume le DG de l'Enafor. Il faut dire que la zone d'activité au niveau du site est délimitée par un périmètre de sécurité avec deux points de rassemblement en cas de pépin. La technique de la fracturation hydraulique horizontale « largement maitrisée » Un forage MDZ signifie, selon Rihane, MD pour vertical et Z pour horizontal. En d'autres termes, ce forage se fait par fracturation hydraulique verticale, puis la nouvelle technique de fracturation horizontale est utilisée. Cette méthode, qui consiste à fracturer la roche à l'horizontale, peut être multiple et étagée. Elle est appliquée en Algérie depuis 2007 et permet d'améliorer la productivité du puits. « En Algérie, la fracturation hydraulique est largement maîtrisée puisque cela fait 20 ans qu'on fore ce genre de puits avec cette technique », explique le chef du pôle forage, Nourredine Boutmadjet. Et d'ajouter : « Au fur et à mesure, il y a une déplétion et une diminution de la pression, d'où la nécessité de procéder au forage horizontal. ». Environnement : les risques de contamination sont « minces » S'agissant de la sécurité environnementale, les déchets sont soit traités sur place, soit transférés à l'unité de traitement thermique à la ville de Hassi Messaoud. « Le choix de la technique dépend du type de forage », explique Yacine Yaiche, chef du département hygiène, sécurité et environnement (HSE). Il s'agit de chauffer, indirectement, dans un four, les déchets rejetés après fracturation hydraulique pour enlever le liquide qui sera récupéré et traité. « A la fin de l'opération de traitement, il est récupéré sous forme de cendres non toxiques », affirme-t-il. Selon lui, les risques d'infiltration du liquide (un mélange d'eau et de produits chimiques) dans le sol sont très minces. « La nappe phréatique est située 500 m en dessous et les aquifères sont loin », affirme-t-il. L'objectif est de ne pas contaminer le sol, indique-t-il. L'Agence de régulation des hydrocarbures (ARH) fait ensuite son audit pour vérifier que le sol n'a pas été contaminé. Ces déchets sont rejetés dans des bourbiers qui sont remis en état à la fin de l'opération de traitement. Quant aux cendres, elles retournent dans une excavation. Selon le superintendant forage, Samir Zergui, un forage est à durée variable car cela dépend de la longueur du drain (conduite d'eau). A la verticale, on creuse 3.500 m. A l'horizontale, on atteint les 4.000 à 4.200 m. Pour arriver à 3.000 m, 30 jours sont nécessaires dans un champ en phase de développement. Il faudra entre 5 à 10 m3 d'eau par heure pour le drainage. La technique « multi-stage » (plusieurs étages) a été utilisée en mars 2014 pour la première fois en Algérie. Plus de 100 puits dans différentes régions et pour différents clients sont forés selon cette technique, signale le PDG de la Société algérienne de simulation des puits producteurs d'hydrocarbures, Hichem Chorfi. Cette joint-venture entre le groupe ENSP (Entreprise nationale de service aux puits) et l'américain BJ (Baker Hughes) assure la cimentation des puits, la stimulation, le pompage et le coiled tubing. L'équipe de BJSP est composée actuellement d'Algériens à hauteur de 98%, a-t-il souligné avec fierté. Interrogé sur la différence entre la fracturation pour les hydrocarbures conventionnels et non conventionnels (gaz de schiste), Chorfi a répondu que « le gaz est le même sauf qu'il n'y a pas de perméabilité et c'est pourquoi il est nécessaire de stimuler la formation (roche mère) en créant un milieu pour une perméabilité avec la fracturation ». Dans cette opération, « les mêmes produits et le même procédé sont utilisés », a-t-il déclaré. Il s'agit de créer des fissures artificielles, selon Abdesselem Belaribi, DG adjoint de BJSP. La fracturation se fait à 12.000, voire 15 000 pieds en commençant de bas en haut. Des tests sont effectués avant et après l'opération. « On injecte un liquide visqueux appelé gel, de couleur jaunâtre clair, avec des produits chimiques, ce qu'on appelle aussi système permettant une injectivité rapide dans des couches pour ouvrir la « fraque » grâce à la pression. Il véhicule ainsi le sable industriel pour une bonne optimisation », précise Laïd Abid, chef du département engineering. « Ce gel ne doit pas rester dans la formation. Il ressort sous forme liquide », a signalé Kortby de la Sonatrach. Ensuite, des billes sont placées pour qu'elle reste ouverte et on envoie des volumes d'eau pour sécuriser. Finalité, « c'est le même produit (gaz) qui ressort pour le schiste ou le conventionnel qui est traité pour son transport », affirme le P-DG de BJSP.