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L'exploration du gaz de schiste n'est pas dangereuse, insistent les responsables du secteur de l'énergie Malgré le tollé des scientifiques, des experts et des défenseurs de l'environnement
Le ministère de l'Energie a organisé une visite guidée sur l'un des champs pétroliers de Hassi Messaoud pour permettre aux représentants de la presse nationale de voir de visu un forage de pétrole, similaire à celui du gaz de schiste que comptent lancer les pouvoirs publics comme phase d'étude et d'exploration. D'emblée, les ingénieurs sur place ont pris le soin d'expliquer aux visiteurs qu'il ne s'agissait pas d'un forage du gaz de schiste, mais celui de pétrole dont les techniques sont les mêmes. «La différence entre l'exploration du gaz de schiste et les autres hydrocarbures conventionnels réside dans la dernière étape, c'est-à-dire lors de l'opération de fracturation de la roche mère peu perméable et qui n'est pas poreuse», a précisé le P-DG de la Société algérienne de stimulation des puits producteurs d'hydrocarbures (BJSP), Hichem Chorfi, lors d'un bref point de presse au siège de cette entreprise. Pour l'exploration du gaz de schiste, les procédés sont les mêmes que pour le pétrole, ce qui change c'est le milieu où ils se trouvent. Son exploitation ressemble à celle du «Coalbed methane» (gaz de couche), a-t-il ajouté. «On fore un puits qui traverse horizontalement l'argile (qui est la roche mère), puis on fracture en injectant des microbilles et des poudres de perlimpinpin diverses, puis le gaz remonte par les fractures et par le puits», indique M. Chorfi. Pour avoir une production croissante ou constante du gaz de schiste, il est nécessaire de forer en permanence de nouveaux puits pour compenser le déclin très rapide de ceux existants, ce qui signifie qu'il faudra avoir une importante industrie de forage. De son côté, Abdeslam Belaïbi, directeur général adjoint, a noté que la distance entre deux puits de gaz de schiste doit être rapprochée jusqu'à 100 mètres. Il a rassuré que le risque environnemental est maîtrisé, considérant que le débat en Europe est justifié par le fait que les puits se situent dans des zones urbaines et en raison des craintes au sujet du risque de pollution des nappes d'eau qui ne sont pas profondes. Le gaz de schiste et l'industrie : qui pollue plus ? «Si on aura à remettre en cause cette approche, je dirais que, pour être honnête, il faut remettre en cause toute l'industrie y compris l'agroalimentaire, l'industrie pharmaceutique et pétrolière», a-t-il soutenu. Et de relever que les zones de fracturation ne sont pas urbanisées, tandis que le risque de pollution de l'eau est écarté en raison de la profondeur des forages. «Nous employons les mêmes opérations et les mêmes concepts. Il n'y a aucun danger», a-t-il répété. A propos des types de forage, qu'ils soient horizontaux ou verticaux, le personnel maîtrise les techniques, rassurent les responsables de BJSP, une joint-venture créée depuis 28 ans entre l'Entreprise nationale de service aux puits (ENSP), filiale du groupe Sonatrach et le groupe américain BJ Services. Cette société effectue la fracturation hydraulique depuis 2007 et a réalisé 100 puits fracturés dans plusieurs régions du pays pour le compte de différents clients, explique son P-DG. Actuellement, poursuit-il, 98% du personnel sont algériens, cumulant une expérience appréciable dans le domaine du forage. BJSP est une société de services et techniques pétrolières, ses activités entrent dans le cadre de la cimentation et stimulation des puits et l'ensemble des traitements des réservoirs en cours d'exploitation. Elle intervient également dans le nettoyage des pipes au niveau des unités de traitement des hydrocarbures. En mars dernier, elle a réalisé un projet de fracturation des hydrocarbures non conventionnels, a indiqué M. Chorfi, défendant un savoir-faire national, créé grâce au partenariat. Avant d'aller au siège de BJSP, le groupe de journalistes des différents médias a visité un champ pétrolier où plus de 110 employés de l'Entreprise nationale de forage (Enafor) étaient à pied d'œuvre, sans se lasser malgré la température qui a atteint 46C°. Il y a du savoir-faire national Il était environ 14h30 lorsque le groupe des professionnels des médias est arrivé au champ pétrolier, accompagné de responsables du ministère, de l'Agence de régulation des hydrocarbures et de la Sonatrach notamment. Les conditions de travail sont très difficiles dans ce milieu désertique où est érigé le chantier d'Enafor 29 qui abrite l'appareil de forage MDZ 663, opérant pour le compte de Sonatrach. Tout en insistant sur les conditions de sécurité sur site, le chef de pôle forage, Noureddine Boutemedjt, a indiqué que le forage de ce puits a démarré depuis une vingtaine de jours, avec un délai de réalisation de 80 jours, et a pour mission d'optimiser l'exploitation du pétrole, en raison de la diminution de la pression. Il ajoutera à ce propos qu'il existe deux types de forages (vertical et horizontal), notant que la réalisation d'un puits horizontal vise à améliorer la productivité des champs pétroliers de Hassi Messaoud. Cette technique spéciale fait partie d'un forage dirigé. «Cette technique est largement maîtrisée par nos équipes, nous avons une expérience de 20 ans et une grande expertise. Nous travaillons également avec les compagnies de services, tels que Haliburton, Schlumberger…», a souligné M. Boutemedjt. Pour sa part, Rezki Rihane, directeur de forage à Enafor, a parlé des différents équipements dont dispose l'entreprise tels que les 38 appareils de forage de types moyen, lourd et léger. Concernant la sécurité du forage, M. Rihane a rassuré que l'appareil de forage est doté d'un équipement de haute technologie dont un système pour contrôler toutes les données. Juste à côté du forage, un bourbier est prévu pour la collecte des différents rejets liquides du forage. Ces déchets sont traités pour ne constituer aucun danger pour la nature, a expliqué une responsable de l'Agence de régulation des hydrocarbures. «C'est la même chose pour le gaz de schiste», a-t-elle relevé. Un cadre de Sonatrach a insisté sur la composante des produits chimiques utilisés dans l'exploration du gaz de schiste en affirmant qu'ils ne sont pas aussi dangereux tels qu'ils sont présentés actuellement. Ils sont traités, appuie-t-il.