Du haut des 900 m d'altitude, face à la Main du juif, les sept villages des arch n'Ath Yenni, lovés dans le Djurdjura, invitent à une longue ascension... vers les nuages. Les toitures de toujours s'accordent avec les terrasses des nouvelles maisons, collées intimement les unes aux autres. C'est qu'ici point d'isolement, c'est chacun pour tous. Tout le village mange dans la même assiette les jours de fête. Et ce jeudi, un couscous sera partagé autour de la célébration du bijou en argent dont se targuent les Ayenniwen depuis des lustres. Habilement travaillé, serti de coraux et d'émaux aux couleurs de la nature. Ath Yenni, à une cinquantaine de kilomètres de Tizi Ouzou, serpente jusqu'au ciel à travers de longs virages qui révèlent la magie d'un paysage hors du temps, à la rencontre de gens affables et accueillants, qui portent aux nues leur région. Une nuitée à l'auberge du Bracelet d'argent récemment restaurée, que survolent des aigles altiers, une virée champêtre à Assif n'Verkmouch qui a tant inspiré Augustin Belkacem Ibazizen, un tour à Taourirt Mimoun sur la trace de Mouloud Mammeri ou Mohamed Arkoun, une escale à Ath Larba autour d'une procession de bijouteries, une halte à Ath Lahcen où les complaintes de Idir sont fredonnées à tue-tête, pour aboutir à Agouni Ahmed, l'autre fief d'écrivains et chanteurs, ou encore à Taourir El Hadjadj aux couleurs de son enfant Ali Silem... sont une invitation qui ne peut que s'enrichir d'un détour chez les éleveuses de brebis desquelles un morceau de fromage ne saurait être refusé... Dans les ruelles escarpées toutes en montées vers Taaâssast, il est des asequif animés par les palabres de femmes en quête de retrouvailles bien agrémentées en rires et alors que leurs mains travaillent la laine, écossent des petits pois, ou carrément trient les graines d'épices destinées à être moulues... Un air de désinvolture estivale flotte par le truchement de feuilles de vignes qui annoncent lkhrif abondant. Ath Yenni pour celui qui sait goûter aux bonnes choses, se laisse délicieusement découvrir. A vos baskets