Difficultés n Le marché noir n'a pas épargné le bijou fabriqué dans la région. Le corail s'achète à 50 millions de centimes le kg. Ath Yenni, petite localité de la Haute Kabylie, sise à 43 km au sud-est de Tizi Ouzou, s'est parée ce jeudi, de ses plus beaux atours pour accueillir ses hôtes venus assister à la cérémonie d'ouverture de la 8e édition de la Fête du bijou. Habitués à recevoir, les Ath Yenni n'avaient rien laissé au hasard et l'organisation n'a pas manqué de charmer les visiteurs. Le wali et le représentant du ministre de la PME / PMI et de l'Artisanat ont été accueillis à l'entrée du CEM Larbi-Mezani, par une jolie aquarelle d'enfants et une troupe de la maison de jeunes, la Carrière, de Tizi Ouzou qui a, même si elle n'existe que depuis 5 mois, interprété avec brio des chants patriotiques et l'hymne national. La délégation a fait le tour des 67 stands des bijoutiers qui sont tous d'Ath Yenni, nous dit un organisateur, pour écouter les doléances des exposants. Ces derniers ont tous soulevé la même et principale préoccupation que sont la rareté et la cherté de la matière première, à savoir le corail et l'argent. Un bijoutier nous dira à ce propos que ces deux matières sont achetées au marché noir pour 50 millions de centimes le kilogramme de corail et 5 millions de centimes le kg d'argent. «L'Etat ne fournit l'argent qu'en été, pour 3 millions de centimes le kilogramme, mais nous, nous avons besoin de ce métal en hiver pour produire pour l'été, saison des mariages et de la Fête du bijou, où nous avons plus de chance de vendre», nous dit un exposant. Ce dernier nous dira, par ailleurs, que le corail mis en vente n'est pas de bonne qualité. «Les coraux sont très fins et cela ne nous permet pas d'avoir de grosses pièces pour décorer la parure de mariée faite de fibules, bracelets, diadème…» Son voisin de stand nous informe que depuis plus de dix ans, l'émail, bleu, vert et jaune, utilisé pour décorer les bijoux, a disparu du marché. Les bijoutiers se rabattent donc sur une peinture qui s'enlève facilement. Il est à signaler que les émaux sont une création récente, car le bijou kabyle ancien était fait uniquement d'argent ciselé, orné de fines torsades et divers autres motifs, serti de coraux. Aujourd'hui, ce métier ancestral préservé depuis des siècles risque de disparaître et déjà de nombreux bijoutiers ont préféré changer d'activité car leur métier ne rapporte plus.