Comment emails, sites et réseaux sociaux ont chamboulé les relations humaines et l'intimité de chacun dans un monde hyper connecté est au cœur de « Men, women and children », comédie dramatique de Jason Reitman, dévoilée récemment au Festival du film de Toronto. Le film du réalisateur de « Labor Day », « Up in the air » ou « Juno » suit un groupe d'adolescents et leurs parents dans leurs tentatives de naviguer sur Internet et dans la vie, qu'il s'agisse de relations amicales, familiales et amoureuses, ou tout simplement encore de la vision qu'ils ont d'eux-mêmes. Fréquentation de sites licencieux par un ado vierge ou par son père pour satisfaire ses appétits sexuels, sites de rencontres pour couples à la dérive, jeunes connectés en permanence, photos multiples publiées sur la toile... Internet est combattu comme l'ennemi n°1 du moment dans le film par une mère (Jennifer Garner) persuadée que le danger guette sa fille (Kaitlyn Dever) au moindre message. SMS, réseaux sociaux, page Facebook et même smartphone géolocalisable à tout moment, elle épluche tout à l'obsession, et peut même aller jusqu'à effacer les messages qui ne lui plaisent pas avant que sa fille ne les lise. Au nom de sa protection, et tant pis pour son intimité et sa vie amoureuse. Un cas extrême qui symbolise l'angoisse de parents craignant de mauvaises rencontres sur la toile ou d'avoir des gamins qui ne vivent plus que dans un monde virtuel à force d'être accros aux jeux vidéo. D'un autre côté, comment peut réagir Tim (Ansel Elgort, impeccable) quand il apprend par la page Facebook de sa mère, qui a quitté le foyer familial, qu'elle se remarie en Californie ? Comment stopper les messages anonymes de haine parce qu'il a quitté la sacro sainte équipe de football ? Pris entre mondes réel et virtuel, les héros essaient de s'en sortir tant bien que mal. De pure comédie au début, ce dernier opus de Jason Reitman glisse dans une analyse plus en profondeur des changements qui s'opèrent volontairement ou involontairement. « La technologie a créé de merveilleuses choses, mais aussi d'autres terrifiantes », a déclaré le réalisateur à la presse. D'ailleurs, il a raconté avoir lui-même demandé aux jeunes acteurs du film, dès le début du tournage, de ne pas partager leur expérience sur la toile, de respecter une sorte de black-out total des réseaux sociaux. « Je leur ai dit : vous allez vivre une expérience vraiment particulière. Vous allez tourner ce film ensemble, vous êtes huit, et instinctivement vous allez avoir envie de tweeter des choses ou partager des choses sur Facebook ou Instagram. Je vous implore de ne pas le faire », a-t-il rapporté. « Vous verrez que dans 5 ou 10 ans vous me remercierez, parce que cette expérience n'appartiendra qu'à vous et personne d'autre », a-t-il ajouté. « En tant que parent, vous espérez juste que vous faites ce qu'il faut pour protéger vos enfants, votre famille », a ajouté l'acteur Adam Sandler. Aidé par un casting impeccable, avec encore Rosemarie DeWitt, Judy Greer et Emma Thompson qui assure une voix off décomplexée, le réalisateur dissèque le monde d'aujourd'hui incrustant les images de SMS ou de mails envoyés en direct par les personnages. D'autres films ont, par le passé, montré les dangers d'Internet « Traque sur Internet » en 1995 à « Adoration » en 2009 par exemple. Celui-ci se veut plus sociologique et aborde d'autres thèmes au passage comme l'anorexie d'une jeune fille, les rapports au sexe des adolescents ou encore la solitude souvent grande des adultes.