Dix ans après sa première accession à la tête du plus grand parti de droite relooké et marqué par une lepénisation tous azimuts, Nicholas Sarkozy retrouve son UMP de jouvence dans un état de délabrement avancé et menacé d'éclatement par une guerre des chefs opposant François Fillon et Jean-François Copé, les deux ex-chefs de gouvernement et candidats potentiels aux primaires de 2016. Le temps presse. L'élection de Sarkozy (64,1%), devançant le député de l'Eure, Bruno Le Maire, titillant le seuil magique de 30% et le député de Drome, Hervé Mariton (6,32%), sonne l'heure du rassemblement. Sur sa page facebook, le seul président français qui a quitté, en 2012, l'Elysée au bout d'un mandat, veut créer les conditions idoines pour effacer les séquelles de « deux années de querelles internes et de divisions » et amorcer le virage de la présidentielle sûr de son « alchimie savante » de l'alliance de la droite et du centre tant vantée par le secrétaire général de l'UMP, Luc Chatel. « Ce qui a changé la donne, dira-t-il, c'est qu'il y a 150 jours, l'existence même de l'UMP était posée. Aujourd'hui, nous avons tourné la page. Nicholas Sarkozy ne veut pas diriger le parti seul. Nous allons construire le parti du XXIe siècle ». Dès l'annonce des résultats, le nouveau président de l'UMP, qui entend gouverner avec « une équipe resserrée », a pris, immédiatement, langue avec les chefs de groupes parlementaires, Assemblée et Sénat, et rendez-vous aux députés et aux sénateurs pas tous acquis à sa cause. L'alchimie de Sarkozy qui prend forme s'appuiera sur le rôle central de son homme de confiance, Frédéric Péchenard. Deux ans après la débâcle de la présidentielle, le retour de Sarkozy n'a pas perdu de la centralité de la ligne populiste et droitière jugée pourtant par ses détracteurs responsable de sa défaite. « J'ai mûri », dit-il. Le tempo est dicté par la mauvaise posture des socialistes et de leurs alliés écologistes faisant planer la menace d'une élimination au 1er tour de 2017. Tout autant assombrie par la cascade de dossiers judicaires, la reconquête de l'Elysée est assimilée au combat contre « l'entreprise sans précédent de démolition de la Nation, de la République, de l'Etat ». Le président mal élu de l'UMP, pris en otage par le vivier des 40% de son rival Bruno Le Maire et du grand perdant, Mariton, souffre à la fois de la constitution d'une opposition plus forte que prévu et de la désaffection de l'électorat de l'UMP traduite par le record de 58,1% de participation. Il va devoir aussi affronter Marine Le Pen, réélue à 100% au Front national et sûre de sa victoire en 2017 et le Parti socialiste, estimant, selon son président, Jean-Christophe Cambadélis, que le retour de Sarkozy est « évidemment une mauvaise nouvelle pour la France... Mais une bonne nouvelle pour la gauche ».