Nicolas Sarkozy est candidat à la présidence du parti UMP (Union pour un Mouvement Populaire) : l'élection du nouveau président, qui remplacera Jean-François Copé puis la direction provisoire actuelle, aura lieu le samedi 29 novembre prochain. Il a deux concurrents. Le premier est Hervé Mariton, député de la Drôme, ancien ministre de l'outre-mer, libéral catholique, polytechnicien et parlant le russe. Le deuxième est Bruno Le Maire, ancien ministre de l'Agriculture, député de l'Eure, pro-européen et ancien élève de l'ENA. Ce dernier vient de déclarer que c'était une folie de vouloir créer un nouveau parti comme le veut Nicolas Sarkozy. Il critique aussi Sarkozy pour sa volonté de vouloir réformer l'accord européen de Schengen, accord critiqué car il empêche la France de lutter efficacement contre l'immigration illégale. D'après les sondages, ces deux candidats feront des scores médiocres et Nicolas Sarkozy sera élu président avec une forte majorité. Or, il a déclaré qu'aussitôt élu, il allait créer un nouveau parti, sans doute en mars, pour mieux rassembler les Français. L'UMP a en effet une mauvaise image en raison de ses difficultés financières et du conflit violent qui avait opposé François Copé et François Fillon pour être président du parti. L'UMP avait été créée en 2002 pour soutenir Jacques Chirac et a eu comme premier président Alain Juppé, élu contre le gaulliste Nicolas Dupont Aignan. Nicolas Sarkozy ne cache pas qu'il veut créer un parti entièrement nouveau qui rassemble les Français un peu comme le parti de Poutine Russie Unie qui a pour objectif de rassembler les Russes. Ce serait la machine de la future campagne présidentielle de 2017. Le nouveau parti serait ainsi à la fois conservateur et libéral avec une vocation patriotique marquée. Une équipe s'occupera du programme et une autre du fonctionnement administratif du parti. Le nouveau parti laisserait à la base une possibilité d'expression beaucoup plus grande, pour le choix des candidats aux élections et pour orienter le programme du parti. En effet, l'UMP jusqu'à présent se caractérisait par une certaine coupure entre une base populiste, patriote, conservatrice socialement et libérale économiquement et des élites politiques plus tournées vers le " politiquement correct ", assez dirigiste en économie à la façon des énarques et sensibles aux thèmes à la mode, souvent venus de la gauche américaine style Obama. Comme je l'ai montré dans mon livre " l'Oligarchie au pouvoir ", la France connaît aujourd'hui une crise de confiance entre la population et les hommes politiques. Démocratique en principe, le régime a dérivé depuis de nombreuses années vers un système oligarchique dominé par les fonctionnaires, les médias, les syndicats de toutes sortes, les ONG et les associations. Le peuple ne se retrouve guère dans les politiques suivies, de droite comme de gauche d'où les succès du Front National. Nicolas Sarkozy veut retrouver la fibre gaulliste où le président gouverne selon la volonté du peuple, en contrecarrant au besoin les oligarchies. C'est la seule façon aujourd'hui de faire les grandes réformes dont la France a besoin et qui sont bloquées par les corps administratifs et intermédiaires. Ce qui est vrai au niveau de l'Etat est aussi vrai dans les partis politiques. Même le Front National connaît ce fossé entre des élites socialisantes et étatistes en économie et laxistes sur le plan des mœurs comme l'incarne le brillant technocrate Florian Philippot, et une base qui défend les valeurs morales conservatrices et les libertés pour les entrepreneurs. Nicolas Sarkozy veut donc fonder un parti beaucoup plus à l'écoute du peuple basé sur une démocratie participative, plus directe, qui tiendra compte de l'avis de ses adhérents. De même, lors de son retour à la chaîne de télévision France 2, il a dit qu'il envisageait à l'avenir un gouvernement qui donne toute sa place au référendum, ce qui serait une grande innovation en France, hors la parenthèse du général De Gaulle. Enfin, il veut répondre à la grande anxiété des Français devant une immigration de masse incontrôlée demandant de revoir les règles européennes de l'accord de Schengen qui restent assez inefficaces. Les journaux font valoir que les sondages sont meilleurs pour Juppé que pour Sarkozy mais Juppé n'est pas candidat à la présidence de l'UMP. De plus, son profil centriste n'est bénéfique pour les sondages que tant qu'il n'y a pas d'élections. Dans le passé, Chaban-Delmas a été battu par Giscard d'Estaing et Balladur a été battu par Chirac aux élections présidentielles. Or ces candidats à l'image trop centriste avaient de bons sondages, meilleurs que leurs concurrents, tant que la bataille électorale n'était pas lancée. Quand celle-ci commence, les électeurs de gauche partent à gauche et ceux de droite vers la droite et le candidat qui est au milieu est généralement laminé. L'acharnement des socialistes et de certains medias contre Sarkozy montre bien que la gauche a compris qui était son pire adversaire. La bataille sera rude mais comme l'a dit le général de lansquenets Frundsberg à la bataille de Vicence, en Italie: " Beaucoup d'ennemis, beaucoup d'honneur !".