Controversé, mais toujours pugnace, Sarkozy veut faire son «come-back» Battu en 2012 par le socialiste François Hollande, il rêve de reconquérir la France: l'ex-président de droite Nicolas Sarkozy aborde une longue route avec la reprise le 29 novembre de l'UMP qui l'a porté à l'Elysée en 2007. L'objectif, revenir au pouvoir dans deux ans et demi, ne fait aucun doute. «Il a ça en tête, c'est ce qui a motivé son retour précipité: il veut tenir sa revanche», résume le politologue Pascal Perrineau, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris. La tâche, elle, est semée d'embûches. Le voilà au défi de relancer une formation déchirée, sans programme clair, et d'emporter la guerre des chefs pour la primaire prévue en 2016 avant la présidentielle de l'année suivante, tout en espérant ne pas être rattrapé par les affaires judiciaires. Le scrutin pour la présidence de l'UMP est sans suspense. Nicolas Sarkozy, chouchou des militants, est assuré de l'emporter samedi faute d'adversaire de son envergure. Deux concurrents lui font face: un de ses anciens ministres Bruno Le Maire, étoile montante de la jeune génération du parti, et Hervé Mariton, député sorti de l'ombre en ferraillant contre le mariage homosexuel légalisé par la gauche. Pour autant, l'ampleur de la victoire influera sur la suite de son opération. «L'enjeu, c'est de gagner le plus largement possible le 29, pour symboliquement asseoir son retour», souligne Frédéric Dabi, de l'institut de sondages Ifop. M. Sarkozy a déjà dirigé l'UMP trois années durant: le plébiscite de plus de 85% obtenu en 2004 lui avait servi de marche-pied pour accéder en 2007 à la présidence française. «Il y a fort à parier qu'il n'atteindra pas ce score. Cependant, s'il atteint 75%, on pourra parler de retour réussi», estime M. Dabi. A l'inverse, si Bruno Le Maire, le plus solide des deux autres prétendants, «fait 25-30%, ce sera une claque», juge Thomas Guénolé, politologue. «Un score inférieur à 60% marquerait une victoire à la Pyrrhus, une fragilisation de Nicolas Sarkozy comme on la constate dans les sondages», souligne Frédéric Dabi. Loin de la marche triomphale qu'il espérait en redescendant dans l'arène politique fin septembre, l'ancien président peine à séduire les Français, dont les deux tiers jugent son retour raté, selon une enquête publiée début novembre. Alors qu'il martèle sa volonté de «rassembler», son positionnement très droitier pour une remise en cause du mariage gay lui vaut depuis plus d'une semaine des critiques de soutiens historiques. S'il conserve les faveurs de son camp, il fait aussi face à une concurrence plus coriace que prévu en la personne d'Alain Juppé, ancien Premier ministre (1995-1997) revenu en grâce dans l'opinion qui voit en lui l'homme politique le plus populaire du pays et le meilleur pour représenter la droite à la prochaine présidentielle. «Il y a clairement une guerre à droite avec de très fortes rivalités», analyse M.Dabi, et la conduite de l'UMP sera tout sauf «une sinécure» pour M.Sarkozy avec une bataille féroce en vue à la primaire de 2016, pour laquelle M.Juppé est déjà candidat. «C'est quasi certain. La droite s'est toujours affrontée pour revenir au pouvoir», renchérit Jean-Daniel Lévy, de l'institut Harris Interactive. La primaire UMP apparaît d'autant plus cruciale que l'impopularité du président Hollande fait planer sur la gauche la menace d'une élimination dès le premier tour de la présidentielle de 2017, au profit de la chef de file de l'extrême droite, Marine Le Pen. «En l'état actuel des sondages, l'élection à la présidence de la République, elle se joue à la primaire de l'UMP», résume Thomas Guénolé. Dès lors, relève Frédéric Dabi, Nicolas Sarkozy «va avoir une pression très forte sur le respect de la promesse qu'il a difficilement faite d'un scrutin ouvert» au-delà des rangs du parti, configuration plus favorable au profil modéré d'Alain Juppé. Autre incertitude majeure sur sa route: la demi-douzaine d'affaires judiciaires dans laquelle le nom de l'ancien président est cité. La plus menaçante, le dossier Bygmalion, porte sur les comptes de sa campagne 2012, dont 18 millions d'euros de dépenses auraient été frauduleusement imputés à l'UMP.