Achewiq est le sujet d'un travail de recherche d'étudiants inscrits au Master 2 dans le cadre d'un module intitulé « Socio-culturel ». Ce chant traditionnel des femmes kabyles a été revisité et présenté à un public nombreux qui s'est massé dans un amphithéâtre. Tour a tour, la sociologue Khadidja Djama, très connu des auditeurs de la Chaine 2, le jeune interprète Djamal Kaloun, et des chanteuses de l'ancienne génération comme Djida Tamechtouht et de plus jeunes à l'instar d'Amel Zen, qui ont interprété le genre, ont été conviés à cette rencontre. Cette dernière a été marquée par la diffusion d'un reportage savamment préparé par les étudiants sur ce chant du terroir. Achewiq ou phrase, est un chant traditionnel qui a permis aux femmes d'exprimer tantôt l'amour, tantôt la peine et l'espoir. A travers ces phrases, elles ont également exprimé l'injustice qu'elles subissent. Achewiq chanté dans les montagnes du Djurdjura est un mode de communication essentiel. D'après Amel Zen, corroborée par Djama et Kaloun, « ce mode d'expression est identique à celui interprété à Tamanrasset (Ahellil), à Ghardaïa (Izlem), à Sétif (Sraoui) et même à Tipaza et le mont Chenoua où on retrouve le genre (Daynen). On le retrouve sur les rives de la Méditerranée, et Taous Amrouche avait chanté, dit-on, un Achewiq d'Espagne. « Une symbiose entre le chant et la tâche quotidienne est née grâce à ces mélodies cantatrices transmises depuis des siècles », dira-t-elle. Amel Zen qui a repris dans son dernier album des chansons du mont Chenoua a rendu hommage aux « grandes dames de l'Achewiq » telles H'nifa, Cherifa et le groupe « Ichenouiyen ». « Ce fut la troupe musicale qui a repris le Daynen, cet Achewiq du mont Chenoua », a-t-elle rappelé. Achewiq est donc chanté en toute circonstance. A la naissance, la circoncision, le mariage et même pour veiller un mort, les femmes, exclusivement, entonnent des odes avec seulement leur propre voix, sans être accompagnées par un quelconque instrument de musique. La voix s'impose. De son côté, Djida Tamchtouht, membre de la troupe « Tarbaat al khalet » (chorale féminine), a évoqué cette séquence radiophonique constituée par Lalla Ounissa, Yamina et Zina. « Cette troupe a permis à un patrimoine de continuer d'exister et a enrichir l'identité nationale », dira-t-elle. La plupart des chanteuses kabyles, comme Djamila, Chavha, Nouara, Fatma Zohra ont transité par cette célèbre émission diffusée depuis les années 1950 jusqu'à la fin des années 1990. Convié à cet évènement, l'acteur Saïd Hilmi a exprimé sa satisfaction quant à une telle initiative. « Je ne saurais vous remercier, car vous avez touché à quelque chose qui me renvoie à mon enfance et à ma terre natale. Achewiq c'est ma vie, ma sensation, ma douleur et ma joie. Pour le musicien c'est une mélopée », dira-t-il. Au terme de cette présentation et des débats, un hommage a été rendu aux chanteuses et interprètes d'Achewiq.