Synthèse par Sihem Ammour C'est dans un esprit festif réchauffant les cœurs et les corps en ce temps glacial, qu'une soirée artistique a été organisée, samedi soir, à la salle Ibn Zeydoun de l'Oref en hommage à la doyenne de la chanson kabyle traditionnelle, Chérifa, en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et d'un nombreux public. Cette soirée exceptionnelle, dédiée à celle que Kamel Hamadi surnomme La reine du chant Achouik, a été marquée par « Une ambiance chaleureuse empreinte de nostalgie qui a régné pendant plus de deux heures de temps et le passage sur scène d'une pléiade de jeunes artistes au talent prometteur», rapporte l'APS.Le prélude à cette cérémonie exceptionnelle a été constitué d'extraits mélodiques joués par l'orchestre, accompagné par les rythmes entrainants de la troupe folklorique «Zira».Après cette mise en bouche, le public présent a assisté à la projection d'un film documentaire de 15 minutes, retraçant le parcours artistique de Chérifa. Puis l'auteur-compositeur, Kamel Hamadi, a ensuite occupé la scène pour déclamer des poèmes élogieux à l'égard de «La reine du chant Achouik». La chanteuse Amel Ibdouzène, native de la région de Chenoua et Mounia de Béjaïa, ont ensuite interprété quelques titres phares de Chérifa qui a reçu, à cette occasion, des cadeaux symboliques des mains de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi. Les présents à cet hommage ont ensuite eu une agréable surprise, lorsque la troupe féminine «El Khalète» a pris place sur la scène en compagnie de la doyenne de la chanson Kabyle Cherifa, qui, du haut de ses 86 ans, a montré que sa voix était toujours puissante et claire, malgré le poids des années. Chérifa, de son vrai nom Ouardia Bouchemlal, est née le 9 janvier 1926 à Ilmayen, dans la région d'Akbou. Orpheline de père très jeune, elle découvre son penchant pour le chant dès l'âge de sept ans. Elle avait confié, à ce sujet, que la simple écoute d'un roulement de bendir la poussait à se précipiter sur les lieux de la fête, ce qui lui coûtait souvent des corrections sévères de la part de ses oncles. A dix-huit ans, elle décide de quitter sa région natale pour aller vivre sa vocation dans la capitale. C'est dans le train qui la conduisait vers Alger, qu'elle compose «Abka ala Khir ay Akbou» (Adieu Akbou), le titre qui la rendra célèbre et qui demeure toujours aussi populaire. Les plus célèbres chansons du riche répertoire de cette artiste qui s'est produite, entre autres, à l'Olympia et au Zénith de Paris, sont Aya Zerzour, Azwaw, Sniwa dhi fendjalen et Cheikh A'Haddad.Ainsi, la troupe «El Khalète» a enchanté les présents, en créant une véritable ambiance de fête, rythmée par une variété de bendir (tambour traditionnel), des claquements de mains et des you you typiques de la Kabylie. Après ces instants de pure communion entre la chanteuse et son public qui l'a chaleureusement ovationnée, la soirée s'est poursuivie par la prestation du chanteur Chérif, qui se distingue par sa manière de chanter identique à celle de son idole Chérifa. La soirée a finalement été clôturée par la talentueuse chanteuse établie en France, Taos Arhab, qui a gratifié le public d'un pot-pourri de chansons kabyles du terroir.