« L'instabilité dans la région du Sahel, au sud du Sahara, s'est aggravée en raison de la fragilité des gouvernements et l'expansion des militants extrémistes », dit-il en intervenant au Forum sur la sécurité en Afrique, qui a pris fin hier à Dakar. Plusieurs chefs d'Etat - dont le Sénégalais Macky Sall, le Malien Ibrahim Boubakar Keïta et le Tchadien Idriss Deby, des ministres de l'Intérieur et de la Défense africains, des représentants d'organisations régionales et internationales, des experts dans la sécurité et la prévention des conflits originaires d'une quarantaine de pays, ont pris part à cette rencontre de deux jours, nitiée par l'Institut panafricain de stratégies, basé à Dakar, pour aider les Africains à « s'approprier les enjeux de la sécurité ». « En Libye où deux gouvernements sont en concurrence pour la légitimité, depuis qu'une coalition de milices de « Fajr Libya » avait installé un gouvernement parallèle à Tripoli, le processus politique est en stagnation et les affrontements entre les différentes factions continuent », souligne-t-elle. Et de prévenir : « Si la crise en Libye n'est pas résolue rapidement, de nombreux pays de la région seront déstabilisés. » Le second round des pourparlers de paix, parrainé par l'ONU, qui devait commencer cette semaine, sera-t-il le bon ? « Je ne dirai pas qu'il n'y aura pas d'action internationale, mais les efforts doivent être intensifiés. Nous devons agir rapidement. Si nous ne le faisons pas, nous aurons des pots cassés partout », avertit-elle avant de clore son intervention par ce mot : « les jeunes Sahéliens sont gagnés par l'apathie politique, et tant que le chômage restera endémique, les groupes armés trouveront une main- d'œuvre bon marché ». Selon l'Union africaine, pas moins de seize groupes terroristes opèrent avec des méthodes similaires de la Corne de l'Afrique aux rives de l'Atlantique et la liste risque de s'allonger. Présent à ce forum, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, a appelé les Africains à renforcer leur coordination face au défi djihadiste, alertant sur le risque de « déstabilisation » du Sahel depuis le Sud de la Libye. « J'ai été amené à alerter sur la situation au Sud de la Libye, qui est aujourd'hui l'exemple le plus dramatique, a-t-il expliqué, car c'est au Sud que les groupes terroristes, qui interviennent dans la zone sahélo-saharienne, se rééquipent en armes, se ressourcent, s'entraînent, et si on laisse se poursuivre ce mouvement, alors demain il y aura des risques majeurs pour le sud du Sahara. » Avant de poursuivre : « Il faut que les pays de la zone (...) contribuent à ces efforts pour que demain, ce pays retrouve une autorité politique lui permettant alors de traiter de la question du Sud. » Au même moment, au sommet de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, à Abuja, capitale du Nigeria, confronté au groupe islamiste Boko Haram, le président nigérian Goodluck Jonatahan sonnait l'alarme contre « le fléau montant du terrorisme qui menace à présent la paix et la sécurité de notre sous-région, le Sahel ». « Nous avons assisté à la prolifération croissante des armes légères. Par voie de conséquence, les pays de la région sont aujourd'hui menacés par les rebelles et les terroristes », dit-il, appelant à « une alliance régionale, continentale et mondiale plus forte pour débarrasser la région du terrorisme, de la piraterie et de l'extrémisme violent ».