Le premier responsable de la wilaya de Tizi Ouzou ne manquera pas de dénoncer les blocages mais aussi la passiveté de certains élus et des comités de village qui se complaisent dans les cérémonies et autres réceptions festives organisées au sein de leur commune et village mais qui s'éclipsent dès lors qu'ils s'agit d'opposition d'un tel ou un tel autre de leurs concitoyens pour la concrétisation d'un projet d'utilité publique ou structurant, nécessaire au développement de la wilaya. Même si certaines situations ont été débloquées permettant ainsi au gaz de ville d'atteindre et de couvrir 70% des foyers de la wilaya, il n'en demeure pas moins que beaucoup reste à faire, notamment en matière d'environnement avec ces 4.000 décharges sauvages que compte la wilaya de Tizi Ouzou. Décharges qui auraient trouvé solution, du moins une grosse partie, si les populations de Mizrana, Boubhir et Fréha ne s'étaient pas opposées à l'érection d'un CET (Centre d'enfouissement technique) au sein de leur commune. Le plus grave étant, à l'image de nombreux villages, ces quelques populations comme celle de certains villages de la commune d'Iflissen où des citoyens qui ne supportent plus leurs propres ordures ont protesté pour la fermeture ou la délocalisation de la décharge communale actuelle. La délocaliser où ? C'est le cadet de leurs soucis mais le plus important est de ne plus voir leurs propres ordures souiller leur paysage et affecter l'air qu'ils respirent. Et là, ils sont nombreux les villages qui réagissent de la sorte. Mais qui refusent de voir un CET implanté chez eux, au motif qu'il est nocif pour leur environnement. Une situation environnementale qui est loin d'être reluisante et qui pourrait s'aggraver lorsque l'on sait que « faute de réalisation des trois CET, objet d'opposition, la wilaya de Tizi Ouzou ne pourra plus bénéficier d'autres enveloppes pour la réalisation de projets dont la wilaya a bien besoin », dira Bouazghi. C'est dire que la wilaya se retrouvera pénalisée faute de consommation de crédits. Outre les décharges, les blocages concernent aussi les réseaux d'assainissement. Là encore, les populations réclament la réalisation de réseaux mais sans traverser leurs terres. Outre les oppositions à un environnement sain et durable, la wilaya de Tizi Ouzou vit aussi le problème d'opposition aux projets structurants, nécessaires à son développement et surtout générateurs d'emploi comme la zone industrielle de Souamaâ, ou encore la pénétrante de l'autoroute Est-Ouest qui souffre de blocage de certains propriétaires terriens. Des projets pour lesquels les pouvoirs publics ont consenti plus de 112 milliards DA dont 100 pour la pénétrante. Y compris sur d'autres axes routiers qui feront aussi l'objet d'opposition comme les voies rapides entre Aïn-El-Hammam et Draa-El-Mizan sur la pénétrante et entre Azzazga et le port d'Azeffoun actuellement en étude en attendant leur réalisation. Et dire que, comme le disent les économistes, « le développement passe par le développement de la route ». C'est dire qu'empêcher la réalisation d'une voie de communication (route et rail), c'est en quelque sorte la paralysie du fait que le cerveau n'étant pas irrigué en air, ce dernier ne commandera plus rien. Mieux, autoriser le passage d'un tracé routier sur sa propriété, enclavée ou de voie d'accès difficile, notamment en montagne ou en rase-campagne, c'est la mettre en valeur. « Ainsi tout le monde y gagnera au change », dira le ministre des Travaux publics lors de sa dernière virée dans la wilaya de Tizi Ouzou à propos des oppositions qui lui ont été soulevées dans son secteur. Mais pour que ces routes puissent être réalisées, il faudrait des agrégats. Or, dans la wilaya de Tizi Ouzou, on empêche la réalisation de carrière d'agrégats. Obligeant, de ce fait, les entreprises réalisatrices d'aller chercher, avec les surcoûts que cela induit, ces agrégats dans d'autres wilayas. A la recherche de solutions Pour libérer les autres projets qui étaient jusqu'à la fin de l'été dernier bloqués, comme pour le CHU ou le barrage de Souk-Tlatha, il a fallu des réunions-marathon et des supplications de l'administration pour que des projets soient libérés. C'est là, la situation que vit la wilaya de Tizi Ouzou. Car tout le monde veut de l'eau, du gaz, de l'électricité, la fibre optique, des routes, des hôpitaux, établissements de scolaires, etc, mais que le projet ne traverse pas ses propres terres, sa propriété. A moins que pour cela, on utilise le satellite. Et ce n'est pas sûr que cela puisse se concrétiser, car il se trouvera toujours quelqu'un qui dira que « cet espace aérien m'appartient ».