La panique était visible dans la matinée d'hier au niveau du centre de santé de Sidi M'hamed, à la polyclinique Nécira-Nounou, dans la commune de Belouizdad, et au service des urgences du CHU Mustapha-Pacha. Au centre de santé de Sidi M'hamed, une file d'attente inhabituelle s'est formée devant la salle des consultations. « Les gens ont peur de cette épidémie. Ils viennent consulter pour une petite fièvre et même pour une suspicion. Il s'agit en majorité de personnes âgées, mais nous avons reçu également des jeunes et des enfants, avec une moyenne de 60 patients en médecine générale », a précisé l'agent de sécurité. Conséquence : le médecin était débordé. « Quand j'ai entendu hier qu'une femme enceinte est morte de la grippe saisonnière, je n'ai pas fermé l'œil toute la nuit. Je crois que je présente les symptômes de la grippe, j'ai des frissons et je me sens fébrile. Mon médecin travaille l'après-midi seulement et j'ai évité d'aller à l'hôpital par peur d'être contaminée », confie une femme enceinte, âgée de 31 ans. Nazim, 7 ans, était accompagné de sa mère. « Il n'a pas arrêté de tousser toute la nuit. Il a sûrement été contaminé par ses camarades à l'école. D'habitude, je le traite à la maison mais vu les cas de décès annoncés hier à la télévision, je suis très inquiète », a déclaré la maman. Une zone d'isolement au CHU Mustapha-Pacha Au niveau des urgences du CHU Mustapha-Pacha, la porte du service était fermée et l'accès interdit, sauf aux cas urgents. Les agents de sécurité de cette structure portaient des masques de protection. Une dizaine de personnes, présentant des symptômes grippaux, patientait à l'entrée du service. « Ça fait deux jours que j'ai de la fièvre et de la toux. Mon médecin traitant m'a orienté vers ce service. Alors que c'est sérieux, on me demande de patienter », a déploré un homme. Plusieurs mesures ont été prises par la direction du CHU, a-ton constaté sur place. Le port du masque de protection est obligatoire pour tout le personnel du pavillon des urgences. Sur place, les patients doivent remplir une fiche de renseignements, portant des informations personnelles ainsi que sur leur état de santé. « Si le médecin constate un cas suspect, le patient sera soumis à des prélèvements pour détecter la présence du virus », a expliqué le coordinateur des activités médicales au pavillon des urgences du CHU Mustapha-Pacha, ajoutant que « les prélèvements au niveau du nez et de la gorge sont effectués au centre de référence de l'Institut Pasteur ». Dix cas suspects enregistrés depuis mardi Au niveau de ce service, dix cas suspects ont été enregistrés depuis mardi dernier. Le responsable a expliqué qu'une série de mesures préventives a été prise. « L'administration a créé une zone d'isolement de potentiels malades », a-t-il révélé. Il a appelé, à l'occasion, les malades à se rendre aux centres de santé afin d'atténuer la charge sur les CHU mais également pour éviter une éventuelle contamination. « Nous recevons de plus en plus de gens inquiets. En réalité, il s'agit d'une simple grippe saisonnière. Je conseille aux citoyens de se rendre dans les hôpitaux sans motif valable », a-t-il ajouté. Une moyenne de 100 personnes s'est présentée à nos services avec une suspicion de grippe, a souligné le responsable. Le coordinateur a insisté, par ailleurs, sur la prévention qui reste le meilleur moyen de contrer la transmission du virus. Il a recommandé, dans ce sens, d'éviter les espaces confinés et le contact physique avec les personnes présentant des symptômes grippaux. Il est également conseillé de se laver régulièrement les mains avec du savon liquide de préférence et d'utiliser des mouchoirs jetables pour se moucher, éternuer ou tousser. Interrogé sur la campagne de vaccination prolongée jusqu'au mois de mars prochain, le responsable a estimé que les vaccins sont disponibles. « C'est un acquis pour la population et je conseille les gens de se revacciner pour faire face à la maladie, notamment les personnes âgées, les malades chroniques et les femmes enceintes, du fait de la faiblesse de leur système immunitaire », a-t-il précisé. Au niveau des pharmacies de la rue Hassiba-Benbouali, on a constaté une rupture de stocks des masques de protection. Le pharmacien a estimé qu'il serait sage de les porter dans les lieux à risque, comme les transports publics, les hôpitaux, les écoles et les crèches. « C'est un moyen efficace de se prémunir de la maladie », a-t-il affirmé.