Tounes Aït Ali, metteur en scène du spectacle « Mona Louisa » pour le compte du théâtre régional de Batna a présenté, dans l'après-midi de vendredi dernier, son « nouveau-né » au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, Alger, devant un public très « réduit ». C'est l'histoire d'un artiste peintre nommé « Sidi » qui se met à glorifier une femme imaginaire rendant tragiquement jalouse Zoubida, la femme de sa vie. Tounes Aït Ali nous en dit plus Tout le monde sait que Mona Lisa met en scène Leonard Di Vinci et le modèle de la Joconde. Comment l'avez-vous algérianisé ? Nous avons monté ce spectacle en dix-huit jours. L'algérianisation de ce spectacle s'est faite d'abord par la réécriture du texte. Au début, la première écriture a été faite par le professeur égyptien Saïd Nasr Salim, qui enseigne à l'ISMAS. Puis, la réécriture finale a été réalisée par Dr Djamila Mustapha-Zekaï, qui est versée dans la critique théâtrale. On la remercie, au passage, puisqu'elle a réussi, en un laps de temps très court (six jours), à faire l'adaptation d'un texte universel et je félicite aussi toute l'équipe qui a travaillé d'arrache-pied pour réaliser ce projet. J'ai, en bref, mis en scène la situation de la femme dans la société algérienne et arabe. Vous avez eu des échos favorables lors de la générale donnée à Batna. Vous allez participer au festival du théâtre féminin d'Annaba. Vous attendiez-vous à une telle consécration ? Mon travail est de mettre en scène ce spectacle et de diriger toute l'équipe, d'avoir un regard par rapport à ce sujet. Sans les comédiens et sans le théâtre, notre société ne pourrait plus se regarder. Et quand on n'est plus capable de se regarder, c'est qu'on n'est pas très loin de la disparition. Je laisse le soin au public, critiques d'art, spécialistes du 4e art et journalistes de donner leur avis concernant cette nouvelle production. Jules Verne a écrit cette comédie entre 1851 et 1855. Pensez-vous qu'elle soit toujours d'actualité ? Pour moi, elle demeure d'actualité, surtout en sachant que les gens affluent quotidiennement pour contempler la peinture de Mona Lisa. Et surtout essayer de comprendre le sourire mystérieux de ce tableau. Ce même mystère nous a donné cette envie de réaliser ce projet. Sur scène, on n'essaye pas d'élucider ce mystère, mais on est cool. C'est-à-dire qu'on l'a fait parler, on lui a laissé le soin de s'exprimer et mêlé à la vie sociopolitique, à la vie de tous les jours. Mona Lisa ressemble-t-elle à Mona Louisa ? Mona Lisa esquisse un léger sourire alors que Mona Louisa sourit malgré elle, surtout qu'elle est détruite dans son intérieur. Pourquoi avoir introduit le chant de l'opéra ? D'emblée, je dirai que j'adore le chant de l'opéra parce qu'il combine l'expression et la beauté. Je le considère comme un art complet où sont généreusement mêlés théâtre, musique, chant, danse... En plus, je rends un hommage à l'artiste et savant Leonard Di Vinci qui est italien. Comment a germé l'idée d'en faire un spectacle ? Il convient de savoir que Mona Lisa est un tableau devenu éminemment célèbre. Les gens partent de toute part pour admirer cette peinture au musée du Louvre, en France. A chaque fois que je me déplace en France, je reste deux heures scotchée devant cette merveille. Estimez-vous que cette nouvelle production s'inscrit dans la continuité de vos œuvres ou plutôt c'est une nouvelle expérience que vous tentez ? Il est vrai que je me suis essayée à plusieurs registres dans le théâtre : boulevard, absurde... Aujourd'hui, j'entame une nouvelle expérience ; celle du classique et du new comique ; un melting pot entre l'humour et la tragédie. J'aime cette nouvelle production, notamment avec une équipe qui se donne à fond. Est-ce que cette pièce sera distribuée sur les territoires national et international et quelle est votre actualité artistique ? On compte se produire les 2 et 3 mars à Batna, le 7 mars à Annaba et le 27 mars à Kef (Tunisie). On fera probablement une tournée à l'échelle nationale ainsi que dans la manifestation « Constantine capitale de la culture arabe 2015 ». Côté perspective, je suis distribuée en tant que comédienne dans une nouvelle pièce de théâtre du metteur en scène Chawki Bouzid, de Batna. On y évoquera le parcours de Sarah Bernhardt pour rendre un hommage posthume à Keltoum.