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Du côté des services de Sécurité : L'état d'alerte
Publié dans Horizons le 01 - 12 - 2010

«Comment expliquer que lorsque nous recherchons un véhicule dans nos barrages, nous sommes contraints d'arrêter tous les véhicules répondant au type du véhicule recherché, mais pour les terroristes, leur cible est identifiée et la seule voiture qui est arrêtée dans leurs faux-barrages dressés au moment où le véhicule ciblé est sur le point d'arriver à l'endroit indiqué» ? Le dernier enlèvement d'Omar Slimana finalement libéré après une semaine de captivité constitue le 61ème rapt depuis l'apparition de ce phénomène en 2005. Une moyenne de 10 rapts par année. Ceci est le nombre de rapts signalés et vérifiés par les services de sécurité, de nombreux enlèvements étant passés sous silence par les familles des victimes ayant accepté de payer la rançon sans ébruiter l'acte.
Le phénomène des rapts a débuté dans la soirée du 31.12.2005 avec l'enlèvement d'un commerçant de Tigzirt et un de ses amis, gardien de prison de son état. Si le commerçant avait été relâché, son compagnon n'a pas eu cette chance. 2006 et 2007 ont culminé avec respectivement 15 et 17 rapts. En 2008 et 2009 le phénomène a connu un certain recul avec seulement 9 et 11 enlèvements. Pour l'année 2010 on compte jusqu'au dernier rapt d'Omar Slimana 7 enlèvements.
Selon une source sécuritaire, ces kidnappings sont le fait des groupes armés. Selon notre source «sur la soixantaine de kidnappings deux seulement sont le fait de droit commun, d'ailleurs élucidés assez rapidement ». L'un est celui d'une fugue d'une jeune fille à Ouaguenoun. Le second est celui d'un enfant H. Ali au village Boufal dans la région de Maâtkas qui compte à elle seule 9 rapts. Les faits remontent au mois de mai 2006 lorsque le corps du petit garçon a été retrouvé quelques jours après son enlèvement au fonds d'un puits mort de froid selon l'autopsie.
IL Y A AUTO SAISINE
Hormis ces deux enlèvements dont les auteurs ont été arrêtés jugés et condamnés à de lourdes peines la peine capitale pour les ravisseurs du petit Ali, le reste relève du terrorisme. Les émirs sont connus selon notre source . « Il s'agit de Benari Abderrahmane, natif de Boghni, et de Si Mohamed Ouramdhan dit El Khechkhach originaire d'Aït Aissi ». Les témoignages de toutes les victimes libérées ont permis aux services de sécurité d'identifier les ravisseurs, tous activement recherchés pour des actes terroristes.
« Même si elles ne nous fournissent que les noms d'emprunt, des sobriquets, les ravisseurs sont vite reconnus dès lors qu'on leur montre une photo des noms cités dans leur témoignage. Comme ce fut le cas de l'otage de Béni Aissi libéré récemment qui a formellement reconnu El Khechkhach», explique notre source.
Elle ajoutera que contrairement à certaines idées reçues, «les services de sécurité ont toujours fait leur travail qui consiste en l'audition des victimes pour mieux cerner les enquêtes». «Nous nous sommes toujours autosaisis dès lors qu'un rapt est officiellement déclaré par la famille de la victime auprès de laquelle nous nous déplaçons. Tous les P.V et toutes les minutes des auditions que nous effectuons sont entre les mains de la justice qui a eu déjà à juger certaines affaires et condamner les mis en cause en fuite par contumace ». La source se veut encore plus précise. « Si les parents des victimes dès lors qu'ils sont contactés par les ravisseurs saisissaient les services de sécurité immédiatement on aurait au moins réussi ne serait-ce que la localisation de l'appel qui nous aurait permis de cerner le site d'enlèvement et réduire le rayon de nos recherches. Mais nous aurions compris cette attitude méfiante lorsqu'ils ont reçu des menaces de mort si les services de sécurité seraient saisis».
Quant aux sites de séquestration, nous avons appris que la plupart des kidnappés ont séjourné durant leur captivité dans une casemate aménagée dans une forêt. Seul le dernier kidnappé d'Aghribs avait fait état d'une vieille maison d'où il avait entendu l'appel du muezzin à la prière mais aussi les remontrances d'une femme à son fils et les outils d'un maçon dénotant de ce fait une séquestration dans un village. « Et lorsqu'on connaît le nombre de maisons répondant à la description de l'otage qui se trouve en Kabylie c'est chercher une aiguille dans une meule de foin. Mais cela ne nous empêche pas de poursuivre dans notre enquête et notre perspicacité nos investigations avec des recoupements de tous les témoignages ».
IL Y A TOUJOURS UNE COMPLICITE
Notre source met au défi les meilleurs services de sécurité par le monde de retrouver un otage sans avoir entre les mains la source des appels et autres témoignages de gens susceptibles de les aider à cerner un tel ou un tel autre kidnapping. «On ne nous associe même pas lors des paiements de rançons pour tenter de mettre en place une souricière pour arrêter ou filer le correspondant des kidnappeurs quand il récupère la rançon» et de poursuivre : «sans l'aide de la famille du kidnappé il est impossible que l'on puisse arriver à quelque chose de concret.
La meilleure illustration nous vient des deux rapts de droits communs élucidés car les familles avaient collaboré avec les services de sécurité». Non sans ajouter que les ravisseurs bénéficient de grosses complicités et de soutien au sein des populations locales. Tant pour notre source les rapts ne se font pas comme cela sur un coup de tête. Ils sont minutieusement préparés avec leurs soutiens locaux «comment expliquer que lorsque nous recherchons un véhicule dans nos barrages nous sommes contraints d'arrêter tous les véhicules répondant au type du véhicule recherché, mais pour les terroristes leur cible est identifiée et la seule voiture qui est arrêtée dans leurs faux-barrages dressés au moment où le véhicule ciblé est sur le point d'arriver à l'endroit indiqué» ?
QUELLE PARADE ?
A la question de savoir quelle serait la meilleure parade pour contrer les kidnappings, notre source nous dira : «Les services de sécurité sont incapables du fait de leurs moyens humains, et ceci de par le monde, d'assurer la sécurité de tous les citoyens individuellement. Nous ne pouvons mettre à la disposition de chaque citoyen susceptible d'être enlevé une équipe de policiers ou de gendarmes. La seule parade en est la prévention et la précaution. Eviter les habitudes. Elles doivent changer chaque jour s'il le faut. Comme il est dans l'intérêt de tous de voir les citoyens apporter leur contribution quand une personne est jugée suspecte. Ce n'est pas de la délation mais du civisme ».
Dans certains pays avancés les grands patrons sont parfois dotés d'une puce électronique injectée dans leurs corps qui leur permet grâce au système GPS d'être rapidement localisés là où ils se trouvent. Mais est-ce la solution et à quel prix lorsque l'on sait que pour le moment le système GPS n'est pas fonctionnel en Algérie. en conclusion notre source nous dira : «les services de sécurité sont en état d'alerte pour combattre le terrorisme sous tous ses aspects. Non sans reconnaître qu'il est très difficile de gérer le phénomène de kidnapping en l'absence de certains éléments propres à l'enquête et surtout à l'information.


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