Au grand dam du Palais Royal, l'affaire du démantèlement du camp de Gdeim Izik est loin d'être classée. «Tout doit changer maintenant», affirme Mohamed Salem Ould Salek, le ministre sahraoui des Affaires étrangères. Raison de cette nouvelle brouille : l'adoption jeudi dernier par le Parlement ibérique par 327 voix pour, 0 contre et 1 abstention d'une résolution demandant au gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero de condamner les violents événements du 8 novembre à El Ayoune, dire leur inquiétude face aux violations des droits de l'homme au Sahara occidental, soutenir la revendication pour une enquête internationale et indépendante et l'élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental et réclamer au roi du Maroc «qu'il respecte le libre accès et la circulation de la presse, des observateurs indépendants et des organisations humanitaires». Le Maroc qualifie cette résolution qui contiendrait, selon Khalid Naciri, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, «des passages et des expressions anti-marocains qui ne peuvent être acceptés» d'«hostile». En manque d'arguments, le porte-voix de Mohamed VI ressort le disque «Algérie responsable des malheurs passés, présents et futurs du Maroc». «Cette résolution se solidarise implicitement avec les adversaires du Royaume alors qu'elle reste muette sur la position de l'Algérie bien que celle-ci endosse la responsabilité principale dans la vive tension dont pâtit la région», dit-il déplorant cette «résolution espagnole» qui consolide le vote lundi dernier à l'unanimité par le Sénat d'un texte similaire. Selon lui, le Maroc méritait des «félicitations» et des «condoléances» aux familles des victimes marocaines qui ont péri lors de ces «évènements». Rabat songe à «une réévaluation» de l'ensemble de relations et «dans tous les domaines» avec son deuxième partenaire économique (5 milliards d'euros par an). D'autant que ce «voisin» du Nord qui occupe Ceuta et Mellila, depuis 1493, à suivre Khalid Naciri qui ose une interprétation gaillarde est «incapable» de dénoncer la désinformation délibérée de ses médias et les manœuvres de ses forces politiques qui «mettent le Maroc au cœur de leur lutte politique» pour se positionner sur le plan interne ou détourner l'attention de la population de l'actuelle crise économique. Oubliant ou feignant de le faire que le Royaume détourne depuis 1975 l'attention de son peuple. Dernière tentative en date ? La marche prévue ce matin à Essaouira contre les ennemis du Royaume. Selon toute vraisemblance, le coup de froid ne balaie pas que les relations entre Rabat et Madrid. Bruxelles qui a «entendu» la semaine passée Fassi Fihri, le chef de la diplomatie marocaine ne démord pas. L'Union européenne veut, tout comme l'a expressément formulé son Parlement le 25 novembre dernier, une enquête internationale sous l'égide de l'ONU pour «clarifier les évènements, les décès et les disparitions» et la création d'un mécanisme de protection des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. De retour d'El-Ayoun occupée, dans le cadre d'une mission, Mme Donatella Rovera, la représentante d'Amnesty International, a confirmé jeudi à Londres la violation des droits de l'homme dans la dernière colonie d'Afrique. «Nous avons rencontré beaucoup de gens là-bas, des jeunes, des femmes, des personnes âgées, dans le cadre de notre mission, et tous ont souligné la violence à l'encontre de la population sahraouie», dit-elle précisant que des «personnes ont été tuées, d'autres blessées ou battues dans les commissariats» et «118 personnes sont encore détenues par les forces de sécurité marocaines».