Il n'y a pas que l'augmentation de prix qui fait peur aux Algériens durant le mois de ramadhan. « A celles-ci, nous sommes habitués et elles font mal seulement à nos poches, mais les morts sur la route, cela va durer jusqu à quand ? » La réflexion de ce vieil homme, rencontré, hier, au marché Redha Houhou, à Alger-Centre, traduit à la fois la gravité d'un phénomène et la fatalité, voire l'impuissance devant sa persistance. Le Ramadhan, période d'intense mobilité, est connu aussi pour les risques liés à la circulation automobile qui sont élevés. Pour rappel, l'an dernier, 1.084 accidents avaient causé 64 décès et 1.469 blessés. Il fut un temps où la recrudescence des attentats terroristes en ce mois de piété et de miséricorde était une source d'inquiétude. Depuis quelques années, c'est le « terrorisme routier » qui inspire les plus graves angoisses. « C'est le mois que nous redoutons le plus et où nous sommes vraiment sur le qui-vive », dira le chef de l'unité de la Protection civile de Bordj Menaïel, située à deux pas d'une route à grande circulation. « Depuis jeudi, aucun accident n'a été enregistré, mais nous restons mobilisés pour parer à toute éventualité », a-t-il ajouté. Contacté, Bendahou, chef d'équipe à la Protection civile de Saïda, dépeint la même atmosphère. « En période habituelle, nous craignons surtout la route qui relie notre région à Béchar. Elle est très fréquentée par les camionneurs et elle est quotidiennement le théâtre d'accidents. » « Toutefois, durant le Ramadhan, nos éléments interviennent davantage en ville et dans la périphérie. Les gens sont souvent nerveux et irritables pour un rien. Les collisions sont nombreuses », fait-il remarquer. Répression et prévention Sortir prend de plus en plus les allures d'une aventure, à ses risques et périls, en ce mois qui coïncide aussi avec la période estivale où de nombreuses familles se déplacent. Durant la nuit, où la circulation est habituellement fluide, le flot de voitures est également impressionnant et les accidents sont monnaie courante. On redoute surtout ces fameuses heures qui précèdent de peu l'heure du ftour. Les effets de la fatigue au volant se font sentir. Les statistiques établies tant par les services de sécurité ou de la Protection civile ne cessent d'alerter sur les dangers de la route. A cette heure, la vigilance doit être maintenue au maximum par l'automobiliste soucieux de sa sécurité et de celle des autres. Sevrés de café et de sommeil, des automobilistes deviennent de véritables dangers roulants. Certains conduisent à vive allure pour ne arriver à l'heure de la rupture du jeûne. D'autres se croient seuls sur les voies de circulation et n'ont aucun respect pour les règles élémentaires de la conduite. Pour cette année, les pouvoirs publics ont multiplié les mesures pour limiter le nombre d'accidents. Elles combinent répression et prévention. L'opération « rompons le jeûne ensemble » (li nafthar maân), initiée par la Direction générale de la sûreté nationale, a été reconduite pour la seconde année consécutive. Il ne s'agit pas seulement de partager un repas mais aussi de permettre aux automobilistes notamment les routiers de marquer un temps d'arrêt. Les éléments de la Sûreté nationale profitent de l'occasion pour prodiguer aux conducteurs pressés des conseils et orientations. Les gendarmes sont également mobilisés et comme nous l'expliqua, hier, un de ceux qui régulaient la circulation au niveau du barrage de Réghaïa, « en ralentissant le flux des voitures, c'est une manière aussi d'amener les automobilistes à réduire la vitesse ». Donc la vigilance doit être de mise.