Béchar est un véritable chantier à ciel ouvert. Qu'en est-il réellement ? En fait, il s'agit d'un plan d'assainissement et d'épuration que j'ai lancé depuis ma désignation à la tête de la wilaya qui compte 200.000 habitants. Effectivement, Béchar est en plein essor dans le cadre du développement local pour lequel les pouvoirs publics ne lésinent point sur les moyens. En premier lieu, nous avons commencé à prioriser les actions de développement selon les besoins de la population. Ainsi, nous avons classé les besoins réels par ordre de priorité et d'urgence. En premier, dans les daïras d'El Abadla, Lahmar et le chef-lieu de wilaya, il y a l'eau. C'est pourquoi, nous avons tracé un programme avec le ministère des Ressources en eau. Actuellement, nous dépendons du barrage Djorf Ettorba en matière de l'alimentation en eau, mais suite aux intempéries du mois de novembre 2014, le barrage est rempli à 100%, ce qui a permis d'alimenter les différentes communes de la wilaya. Nous avons commencé par réhabiliter le réseau de distribution sur 240 km. La mission n'était pas facile, notamment avec les désagréments causés par les travaux aux citoyens. Nous avons également organisé les chantiers à travers des réunions périodiques, chaque mercredi, avec l'ADE et les entreprises de réalisation et les associations. Nous avons tracé un programme d'urgence avec le ministère des Ressources en eau pour l'acquisition de 13 camions-citernes pour la distribution de l'eau, en cas de manque. En outre, le Centre national des ressources hydriques a lancé des recherches pour localiser les poches d'eau pour leur exploitation. Nous avons également lancé une étude de faisabilité de quatre barrages au niveau de la wilaya, à savoir Oued Labyadh, Igli, Béni Ounif, Zgaguet, ainsi que des travaux de réhabilitation du réseau d'alimentation en eau potable. Les dernières averses ont mis la population en sécurité hydrique, pour au moins les deux années à venir. En outre, pour préserver cet acquis, nous avons lancé un projet de réalisation de six forages à Béchar et Lahmar. Il y a aussi le spectre des coupures prolongées d'électricité qui refait surface chaque été à Béchar... Justement, parmi les priorités, il y a l'électricité. Je tiens à assurer la population qu'un programme d'urgence a été tracé avec la Sonelgaz, réalisé à 95%, même dans les localités les plus éloignées, comme Kerzaz, Ouled Khdir. Cet été sera sans coupures. De même pour l'alimentation en gaz naturel, un investissement public de 440 millions de dinars a été consacré à la réalisation d'un réseau de plus de 100 km pour le transport et la distribution de cette énergie. Les localités de Béni Ounif, Béchar, Kenadza, Taghit, Abadla et Béni Abbès sont ainsi alimentées en énergie. Des travaux de réalisation de réseaux de distribution sont en cours dans les communes d'El-Ouata, Kerzaz et Ouled Khdir. Dix autres communes seront alimentées au titre du programme quinquennal 2015-2019. Nous avons actuellement raccordé trois daïras. Avec l'achèvement de ses projets, nous allons atteindre un taux de raccordement de 60%. Votre plan est ambitieux mais il y a aussi des difficultés sur le terrain... Cette opération est permanente. Il y a certes des problèmes objectifs. Nous n'avons pas assez d'entreprises performantes et il y a un manque de main-d'œuvre, notamment dans les petits métiers. Ajoutons à cela les grandes chaleurs qui durent trois mois. Nous ne pouvons pas, par exemple, couler du béton en été, mais nous sommes en train de nous organiser pour trouver des solutions, même provisoires. J'ai ouvert la qualification aux entreprises et j'encourage les jeunes à créer des micro-entreprises. Par exemple, en matière d'environnement, nous avons mis en place un établissement, Saoura Com, l'équivalent de Netcom, qui commence à porter ses fruits, de même pour Nour Béchar pour l'éclairage public. La population sent déjà ce changement. Quels sont les autres projets phares ? Nous avons lancé les travaux de réalisation d'un CHU, sur instruction du président de la République, trois hôpitaux, dont deux de 120 lits à Abadla et Karzaz et un de 60 lits à Beni Ounif. Un centre régional anti-cancer est également en cours de réalisation et sa livraison est prévue d'ici fin 2015. Pour l'habitat, 1 400 logements sociaux sont en construction et 1 500 AADL sont pris en charge par une entreprise égyptienne. Dans le domaine de la culture, la wilaya a bénéficié d'une école de musique et d'un théâtre régional en cours de réalisation. Il y a aussi l'opération de réhabilitation du jardin public qui est la destination de prédilection des familles et des touristes, et le jardin botanique de Béchar doté d'un bassin d'eau susceptible d'être élargi pour accueillir des espèces de canards et de poissons. Nous avons également inscrit la réhabilitation de la cour de Béni Abbès, qui abrite les festivités du Mawlid Ennabaoui. Dans le secteur des sports, un terrain de 6 ha a été réservé à la réalisation d'un complexe de détente et de loisirs. Pour l'habitat, nous avons constaté que dans plusieurs communes, des chantiers ont été lancés. Dans le secteur de l'habitat, notre priorité est le lancement des projets inscrit, et, comme vous le savez, le logement est la première revendication de la population. En chiffres, la réalisation de 14.668 logements, toutes formules confondues, a été lancée parmi les 21.225 inscrits depuis 2013. L'habitat rural a eu la grande part, vu la spécificité de la région avec 13.000 logements lancés sur les 16.000 au programme. Je préside chaque semaine une réunion avec les entreprises chargées de la réalisation des projets pour suivre l'évolution et l'avancement des travaux et recenser les difficultés. J'ai insisté, lors de mes visites des chantiers, sur une véritable structure de coordination intersectorielle en partenariat avec les représentants des entrepreneurs locaux, pour que l'ensemble des projets de développement soient réalisés dans les délais. J'ai désigné un élu dans chaque APC pour le suivi du dossier de l'habitat rural au niveau de sa commune. Il y a aussi beaucoup de terrains de sport de proximité. S'agit-il d'une stratégie pour cette région du Sud ? Nous avons battu le record dans la réalisation des terrains de sport de proximité qui dépassent les 69 pour encadrer notre jeunesse. C'est un moyen de prévention contre les fléaux sociaux, notamment la délinquance et la consommation de drogue. C'est une stratégie réfléchie destinée répondre aux besoins des jeunes de la région. Nous avons signé des contrats avec les comités de quartier pour la préservation, l'organisation et l'entretien de ces infrastructures. Nous avons également réaliser au niveau des 12 daïras de la wilaya de stades en gazon synthétique. Ces projets sont inscrits dans le cadre du programme sectoriel de développement ou le Programme communal de développement (PCD). Nous avons également prévu ces stades dans les agglomérations et les zones les plus reculées. D'autres projets sont inscrits, dont des salles polyvalentes, des centres culturels, une piscine olympique au chef-lieu de wilaya, une piscine semi-olympique et des piscines dans les communes. Y a-t-il un programme spécial pour les régions reculées et les villes frontalières ? Effectivement, nous avons tracé un programme d'urgence, notamment pour les régions frontalières, à l'instar de la daïra de Béni-Ounif où nous avons réalisé beaucoup de projets dans le cadre du développement local, et ce, en un temps record. Les travaux de dédoublement de la RN6 sont en cours ainsi que plusieurs projets en faveur des jeunes de la région dont plusieurs terrains de sport, une maison de jeunes et une piscine en cours d'achèvement. Un centre de santé et un hôpital d'une capacité de 60 lits sont également prévus. La couverture sécuritaire sera renforcée dans cette région à l'issue de la réception d'un nouveau poste frontalier, un commissariat de police et une base de vie pour les policiers. Il y a aussi la construction d'un tribunal dans cette daïra, d'un nouveau siège pour la daïra et des annexes administratives pour améliorer le service public et rapprocher davantage l'administration du citoyen. Qu'en est-il du projet de la nouvelle ville de Béchar, alors que Béchar Jdid existe déjà ? Non, c'est totalement différent. La nouvelle ville de Béchar a été créée dans le cadre de l'offre foncière initiée par le gouvernement. Des lots de terrain sont octroyés aux citoyens avec des conditions. Nous avons créé un lot d'une superficie de 477 ha à Béchar. L'étude est achevée par le bureau d'études de la wilaya pour la distribution de 8.000 lots avec de grands boulevards. Une nouvelle ville sera réalisée sur la route de Lahmar avec des équipements dont des établissements scolaires, un centre de formation professionnelle, des aires de jeux, des stades de proximité, des postes de police et de la gendarmerie. L'objectif est d'améliorer les conditions de vie de la population. La daïra de Béni Abbès a été promue wilaya déléguée dans le cadre du nouveau découpage administratif. La population s'interroge sur les modalités d'application de cette décision. Exactement, la daïra de Béni Abbès est classée CA, c'est-à-dire circonscription administrative, qui sera gérée par un wali-délégué nommé par le président de la République. En vertu des deux décrets exécutif et administratif, la CA aura son propre conseil comme le conseil de wilaya, composé de plusieurs directions déléguées, à savoir l'hydraulique, les ressources en eau, les travaux publics, l'animation locale, l'urbanisme, la culture, les équipements. Ce découpage administratif a pour objectif de rapprocher l'administration du citoyen et la création de postes d'emploi, mais aussi l'encouragement des investissements publics et privés, notamment dans cette daïra qui a une vocation touristique. Justement, pour ce qui est du tourisme, quels sont les avantages offerts aux investisseurs pour la promotion du secteur ? La promotion et l'encouragement du tourisme sont la mission principale des investisseurs sérieux et j'insiste beaucoup sur le sérieux et l'engagement. Nous avons octroyé des lots de terrain à plusieurs investisseurs dans le tourisme, malheureusement, beaucoup d'entre eux n'ont pas concrétisé leurs projets. L'avantage est cette loi qui a favorisé le tourisme dans les wilayas du Sud : le terrain est cédé presque à un prix symbolique et nous sommes prêts à remettre l'arrêté et le permis en 15 jours seulement aux investisseurs qui veulent sérieusement lancer des projets et non à ceux qui bénéficient de lots de terrain et attendent le financement des banques. La wilaya de Béchar possède des potentialités extraordinaires en matière de tourisme, que je compte développer et valoriser pour asseoir une vocation dans ce domaine créateur d'emplois et de richesse. Je rappelle, en ce sens, qu'une enveloppe conséquente a été allouée récemment par le ministère de la Culture à la restauration de trois ksour, classés au patrimoine national architectural historique. Il s'agit des ksour de Kenadza, Taghit et Beni-Abbès, en plus de ceux de Béni Ounif, Mougheul et Kerzaz, qui figurent au classement local du patrimoine architectural historique. La restauration de ces ksour s'inscrit aussi dans une vision de développement touristique intégré. En outre, les hôtels de la région vont être réhabilités, dont l'hôtel Antar par une entreprise étrangère, Rym de Béni Abbès et de Taghit, qui ont bénéficié d'une enveloppe importante. Un village touristique dans la région de Taghit est en cours de réalisation par l'Office national du tourisme. Dans le secteur de l'agriculture, il reste également beaucoup à faire... Le secteur de l'agriculture est également ciblé par l'opération d'assainissement. Je ne veux plus de faux agriculteurs ni de faux investisseurs. Les gens qui veulent travailler la terre seront soutenus et encouragés, et je m'y engage. Le potentiel agricole se localise principalement le long des principaux oueds qui traversent la wilaya et nous sommes prêts à soutenir tous les projets sérieux. Les dégâts des dernières intempéries sont toujours visibles, pourquoi ? Nous avons procédé à la réhabilitation des lieux classés urgents comme le réseau routier, les ponts, l'étanchéité des établissements scolaires. Nous avons bénéficié d'une enveloppe de 600 milliards de centimes pour réparer les dégâts dues aux intempéries, notamment dans le secteur des travaux publics. Comment se déroule l'opération de solidarité avec les démunis à l'occasion du ramadan ? Nous avons clôturé l'opération de distribution des couffins du ramadan au niveau de 28 communes de la wilaya, notamment dans les régions les plus reculées. Je tiens à signaler la contribution des bienfaiteurs dont des entrepreneurs, des commerçants, des médecins et des citoyens qui ont participé à cette opération avec un montant de 31 millions de dinars. Vous êtes le président de la commission sécuritaire de wilaya. Comment évaluez-vous la situation sécuritaire, notamment au niveau des frontières ? Je peux vous assurer que la situation sécuritaire est maîtrisée. Nos frontières sont hautement sécurisées, et ce, grâce à notre armée. La mission n'est pas facile avec la superficie de la wilaya et la longueur des frontières, mais grâce à la vigilance de nos soldats, la sécurité est assurée. Les quantités importantes de drogues saisies par les services de sécurité confirment cette maîtrise.