« Entre hier et aujourd'hui, le Ramadhan a connu une belle époque bien différente de celle d'aujourd'hui. Nos aînés ont vécu d'autres ambiances ramadhanesques. Peu importe les conditions, ce mois sacré était différent sur tous les plans notamment les préparatifs, l'accomplissement du devoir religieux ou encore le comportement de chaque musulman au quotidien », lance Fouzia Laradi, poétesse et directrice de la médiathèque de Didouche-Mourad, qui a clôturé, lundi dernier au soir, une série de soirées ramadhanesques initiées par l'établissement Arts et Culture d'Alger. Une heure de temps aura suffi à l'assistance, des habitués et des poètes pour la plupart, de vivre cette belle balade à travers les méandres de l'histoire, pour aller ensuite profiter d'une exposition-vente de l'assemblage des fausses pierres (Djouher) passionnément accompli par Fouzia Hasni, rehaussée par un accompagnement musical signé la pianiste Nazila Louhal, qui a permis au public de se délecter des rythmes ternaires et des airs mélodieux des modes algériens. Au programme, on retrouve, en plus des lectures poétiques, des lectures de bouqalate, jeu de tradition algérois, qui plaît toujours pour son côté mystérieux et poétique, particulièrement avant la récitation de la bouqala où l'assistance se met à nouer un bout de tissu, matérialisant la pensée pour l'absent auquel on dédie le poème. Abordant la thématique « Ramadhan, entre le passé et le présent », certains habitués comme Mohamed regrettent « l'ambiance d'antan où nous avions un sens inné de l'hospitalité, et le programme des veillées ramadhanesques était improvisé ». Mme Laradi poursuit confiante : « Il est vrai que les temps ont changé, c'était une belle époque. Rien ne peut égaler l'ambiance du mois de Ramadhan d'antan. Mais cela n'empêche pas que nous vivions une autre époque où la génération montante doit perpétuer fidèlement ce legs, car nous ne pouvons pas avancer sans notre identité. » « Il est important de préserver l'essentiel, à savoir rihet Ramadhan. », conclut-elle. Cette médiathèque, qui prend l'allure d'un café théâtre, est destinée à un public large dans lequel des artistes de différentes disciplines se relayent dans cet espace convivial. Des spectacles plus intimistes qui permettent aux spectateurs d'aller à la rencontre des artistes à la fin de chaque spectacle. Un public nombreux et fidèle, assoiffé de culture, assiste régulièrement à ces programmations artistiques mêlant conférences, hommages, musique et théâtre et bien d'autres. L'assistance peut, par ailleurs, admirer les diverses expositions picturales et artisanales mettant en exergue le riche patrimoine. Le coup d'envoi de ces soirées a été donné dès les premiers jours du Ramadhan, dans une ambiance conviviale marquée par la présence en force des artistes amateurs et professionnels.