Le musée public national des arts et traditions populaires Dar Khdaouedj El Aâmia de la Casbah d'Alger a vécu dans la nuit de mercredi à jeudi dernier une animation festive, digne des soirées ramadhanesque d'antan. Une ambiance familiale a régné au sein de ce joyau de l'architecture ottomane. L'association Rampe Louni Arezki a organisé une rencontre culturelle à laquelle ont été conviées des familles de la Casbah. Le hall du palais était rempli de femmes. C'est le moment et le lieu de rencontre toutes les tenues vestimentaires. Le haïk et le hidjab font bon ménage avec la tenue de ville de tous les jours. Cette action, louable à plus d'un titre, a débuté par une psalmodie de versets coraniques. Djamel Soufi, le secrétaire général de l'association, a entonné un « tadjwid » authentique et typique de la région algéroise. « Nous avons notre rituel dans la récitation du saint Coran. Au lieu d'améliorer et de développer ce chant, nous psalmodions souvent avec des méthodes orientales, tout a fait étrangère aux habitudes de notre ouïe », a déploré le récitant. Le poète Yacine Ouabed a pour sa part subjugué l'assistance. Ce fils de Soustara fait toujours parler de lui. Sa simplicité se reflète dans ses textes. Sa verve poétique a été applaudie a plusieurs reprises par l'assistance. Yacine a déclamé des textes pour rappeler les valeurs d'autrefois que l'on cherche uniquement lorsque l'étau se resserre sur nous. Dans un long texte, le poète a cité presque tous les martyrs issus de la Casbah qui se sont sacrifiés pour la liberté de l'Algérie. Les présents comme Ali Haroun, la directrice du musée, Mme Amamra, le président de l'assocaition Louni Arezki, Aït Aoudia, n'ont pas caché leur émoi et leur fierté en l'écoutant déclamer « Je t'aime mon pays ». L'auteur du texte de la chanson « Edenya » (La vie), de feu Kamel Messaoudi, a traité également des thèmes qui rongent la société comme le chômage, la crise du logement et l'argent. Lui succédant sur la scène, un autre as de la poésie, El Malhoun, Rabah Haouchine. D'une ode, écrite et lue en langue parlée et dédiée l'auteur a mis en valeur la beauté de la Casbah tout en implorant ses saints d'exhaucer son souhait de revoir « El Mahroussa » de l'époque et ses fontaines fraîches. Le poète annonce la parution d'un recueil de poèmes dans quelques jours. Le poète Rachid Rezagui a eu également un succès, ses préoccupations sont sociales dans un pays dont il est éperdument amoureux, a attiré l'attention de tout le monde. Le verbe fort, il exprime l'extraordinaire évolution de la pensée de l'homme épris de l'idéal de liberté et de paix. Le partage des instants de douleurs n'a d'autre compréhension pour Rachid que le retour à une fraternité et aux bonnes manières qui « ne coûtent presque rien » mais qui « produisent beaucoup d'effets ». La lecture de ces poèmes est entrecoupée de youyous qui ponctuent également les mélodies de la chanson chaâbien cette soirée algéroise, inspirées du patrimoine algérien et interprétées par El-Hadi Rahmouni, lauréat du troisième prix du festival national de la chanson chaâbi dans son édition de 2011. L'artiste en herbe a interprété les chansons les plus connue du chaâbi comme « L'hmam li rabitou » et « Al Hamdou Lillah mabqa Listi3mar fi Bladna » de Hadj M'hamed El Anka, écrites par Mustapha Toumi et d'autres morceaux du répertoire algérien. « Les bouqalate » ont été également à l'honneur. Cette tradition algéroise a permis au public de voyager à travers le quartier ancestral de la Casbah et de se remémorer les souvenirs d'antan, a commenté le président de l'Association des Amis de la Rampe Louni-Rezki, M. Lounis Aït Aoudia, qui veille à travers son association à préserver le patrimoine matériel et immatériel d'Alger. La directrice du Musée national des arts traditionnels et populaires, Mme Aïcha Lamamra a pour sa part affirmé que l'idée d'abriter une telle soirée au musée vise à créer une ambiance familiale et conviviale et à se remémorer les souvenirs d'antan, afin de réunir de nouveau toutes les personnes ayant un lien affectif avec la Casbah.