Les commentaires vont bon train depuis la sortie, fin juillet, de la nouvelle version du système d'exploitation de Microsoft, Windows 10, censée combler les lacunes de l'ancienne version Windows 8. Cette dernière n'en continue pas moins de faire jaser beaucoup de monde tant les innovations injectées par Microsoft ne semblent pas avoir convaincu beaucoup de monde. Le moins que l'on puisse dire est que l'arrivée d'une nouvelle version du système d'exploitation Windows du champion en la matière, Microsoft, ne passe pas sous silence. En cette fin de juillet caniculaire, les rédactions de presse regorgent de commentaires et d'analyses sur le nouveau Windows 10, censé faire oublier les ratés de la précédente version Windows 8 et remettre à flot la marque sur le marché des systèmes d'exploitation explosé par l'arrivée des appareils mobiles. Revenant en arrière vers ces temps qui ont vu descendre Windows 8 sur le marché, on retrouve ce commentaire fait sur le nouveau produit : « En découvrant Windows 8, ils ont été nombreux à se demander quelle mouche avait bien pu piquer Microsoft. De tous les OS (Operating System, autrement dit Système d'exploitation) que la compagnie de Bill Gates a pu proposer depuis sa création, celui-ci aura probablement été le plus décrié », souligne l'analyste du site www.placegrenet.fr, ajoutant : « Certes, il était de bon ton de moquer les bugs de Windows Vista, mais un bug cela met quelques heures avant d'être identifié. Tandis que là, avec Windows 8, le souci saute aux yeux dès le démarrage. Et l'utilisateur lambda de s'écrier : ‘‘c'est quoi ce truc ?'' » Conçu dans le cadre de la nouvelle stratégie de Microsoft visant à redresser la barre pour rattraper le virage du mobile, mieux négocié par les systèmes d'exploitation d'Apple et de Google, le Windows 8 semble effectivement avoir tourné le dos à ses adeptes pour ne s'intéresser qu'aux détenteurs de smartphones et de tablettes, au point de faire disparaître le fameux bouton ‘‘Démarrer'', point de départ de l'apprentissage de l'univers Windows et de la navigation entre ses différentes applications. « Pour le journaliste du quotidein économique français latribune.fr, « Windows 8 se voulait déjà une révolution, censée mettre à l'heure du mobile un système d'exploitation qui reste une référence mondiale pour les PC, mais qui est largement dépassé par iOS (Apple) ou Android (Google) pour les tablettes et les smartphones. » Au final, la plupart des utilisateurs ont préféré rester sur le Windows 7, déjà fonctionnels sur de nombreuses machines. Inutile de rappeler que le monde de l'entreprise a également fermé ses portes à cette ‘‘innovation'', jugeant peu pertinent l'investissement dans cet outil aux performances non avérées. Depuis, beaucoup de bruits ont couru sur les intentions de Microsoft de revenir à la charge dans le domaine des systèmes d'exploitation ; les commentaires n'ont pas cessé depuis qu'est sortie l'information d'un probable passage de la version 8 à Windows 10. A l'automne dernier, le vice-président en charge des systèmes d'exploitation chez Microsoft expliquait, en effet, selon latribune.fr : « Ce sera notre système d'exploitation le plus complet et le meilleur que Microsoft ait jamais conçu pour nos clients professionnels », comme pour justifier, selon ce site, le passage direct à la version Windows 10. L'arrivée de Windows 10 est donc un moment clé de la stratégie Microsoft que les observateurs et analystes de presse passent au crible. On commence d'abord par présenter les nouvelles caractéristiques de ce système d'exploitation pensé pour fonctionner automatiquement quel que soit l'appareil sur lequel il fonctionne, « qu'il s'agisse d'une console de jeux vidéo Xbox, d'un ordinateur de bureau, d'une tablette, voire d'un petit objet connecté », nous dit latribune.fr estimant que « Microsoft a pensé aux développeurs puisqu'une plateforme permettra de développer une action unique et ce, peu importe l'appareil utilisé ». La presse aura également relevé le retour aux commandes de Windows 10 du fameux bouton ‘‘Démarrer'', qui offre « un accès rapide en un clic aux fonctions et fichiers que les gens utilisent le plus », ajoute le même site qui rappelle que sa suppression dans le Windows 8 avait été objet de nombreuses critiques. Le site du quotidien économique français a également recueilli l'avis d'experts de la Bank of America sur ce produit, jugé comme ‘‘un mélange des meilleures fonctionnalités du passé'', estimant en effet que « l'objectif ultime de Microsoft est d'avoir un produit bien utilisable à la maison et au travail ». microsoft trop curieux ? Mais en dehors de ses ‘‘prouesses'' technologiques, le nouveau produit de Microsoft attire beaucoup de commentaires sur des aspects moins visibles, liés notamment aux fonctionnalités de collecte des données personnelles des usagers ; sous le titre « Comment Microsoft veut tout savoir sur les utilisateurs de Windows 10 », le site de la télévision française www.france24.com voit que « le tout nouveau système d'exploitation gratuit de Microsoft pousse très loin la collecte des données personnelles de ses utilisateurs à des fins publicitaires. Un véritable logiciel espion, selon ses détracteurs ». Téléchargé massivement au premier jour de sa sortie, Windows est en effet disponible gratuitement, sous réserve de disposer de la version Windows 7 ou 8. Alors que certains titres de presse internationale, à l'instar du quotidien français « Le Monde », trouvent que ce nouveau Windows 10 ‘‘réconcilie avec Microsoft'', d'autres s'interrogent sur le bien-fondé des multiples programmes composant ce nouveau système d'exploitation, orientés vers la filature des usagers et de leurs habitudes de navigation. Pour le journaliste du site de france24.com, « un torrent de critiques s'est déversé ces derniers jours sur Microsoft, accusé d'avoir conçu Windows 10 comme un gigantesque logiciel espion pour collecter les données des utilisateurs afin de les revendre au premier publicitaire venu ». Le site du quotidien lemonde.fr s'est lui aussi intéressé à cette innovation de Microsoft, et donné la parole à ses lecteurs, dont l'un d'eux souligne : « Ce qui mériterait un article, ce sont les options de confidentialité désastreuses imposées par Windows 10 ». Le site fait également un rappel de la position d'une ONG de défense des libertés numériques. EDRi dénonçant, à la présentation de ce modèle, le fait que : « Microsoft s'arroge largement le droit de collecter tout ce que vous faites, dites ou écrivez avec et sur vos appareils, afin de vendre davantage de publicité ciblée ou de revendre ces données à des tiers ». En effet, beaucoup d'analystes se sont intéressés au fameux identifiant publicitaire introduit pour permettre à Windows de communiquer « par défaut à Microsoft un grand nombre de données sur les habitudes et les profils des utilisateurs, que ce soit sur PC, sur smartphone ou sur tablette », nous apprend ce site qui croit savoir que « c'est, semble-t-il, le prix à payer pour la gratuité ». Cet identifiant, lié au compte Microsoft Outlook, permet à Windows 10 de "synchroniser certains de vos paramètres et de vos données avec les serveurs Microsoft", selon les termes des nouvelles règles de confidentialité mises en place par Microsoft à compter du 1er août dernier. Les inquiétudes de bon nombre d'observateurs sont motivées par l'ampleur des données pouvant constituer les emplettes de cette collecte, c'est-à-dire « les favoris de navigation sur l'Internet, les recherches effectuées, les données de géolocalisation, le nom des applications et programmes utilisés ou les carnets d'adresses électroniques », d'après le site de France24 qui se fait l'écho d'une analyse d'un spécialiste en cryptographie, Ray Dillinger, selon lequel, « il ne sert plus à rien de désactiver les ‘cookies publicitaires' dans les navigateurs Internet, les publicitaires peuvent directement avoir accès aux données qui les intéressent grâce à Microsoft ». Les utilisateurs de ce système d'exploitation auront également à faire avec le ‘‘siphonage'' d'autres données nécessaires au profilage publicitaire. « Des données sensibles telles que les mots de passe et identifiants pour se connecter à un réseau wifi sont aussi stockées par défaut sur les serveurs de Microsoft », nous apprend france24.com, ajoutant que Microsoft « peut aussi savoir comment est arrangé le bureau d'un utilisateur (quels raccourcis pour quels programmes s'y trouve) ». LA surêté des données en question En matière de sécurité des données, le nouveau système d'exploitation de Microsoft est capable de chiffrer tout le contenu d'un disque dur ; ce qui exige de disposer d'une clé spécifique pour pouvoir accéder à ces données cryptées. Mais le ‘‘hic'' dans tout cela, c'est « que la fameuse clé de chiffrement est stockée sur les serveurs de Microsoft », selon le site de la télévision française, qui pense ainsi que Microsoft « pourra donc la mettre à disposition de toute autorité publique qui demande par voie légale à y avoir accès », se référant à des informations publiées par le magazine français Numerama. Windows 10 se base par ailleurs sur une autre application, nouvelle, intégrée dans les smartphones fonctionnant sous Windows et qui est dorénavant disponible sur les ordinateurs. Il s'agit d'un assistant vocal, du style de Siri sur iPhone, capable de réponde aux sollicitations de l'utilisateur, comme par exemple, rappeler un rendez-vous important. Pour bien fonctionner, cette application, dénommée Cortana, nécessite une longue liste de données : « Les réglages d'alarme, les données de calendriers, les messages texte ou emails, le nom des applications et programmes installés et leur fréquence d'utilisation ou encore, depuis un smartphone, la liste des dernières personnes appelées et la durée des appels », rapporte france24.com qui indique par ailleurs que les nouvelles règles de confidentialité de Microsoft donnent à ce dernier la possibilité d'accéder à ‘‘bien plus'' d'informations. Comparés aux autres géants du net qui font eux aussi dans le siphonage des données personnelles, les observateurs estiment que l'appétit de Microsoft pour ces données va un peu plus loin que Google et Facebook qui « s'intéressent essentiellement aux traces laissées lorsqu'un utilisateur se connecte à un service en ligne (moteur de recherche, réseau social, Gmail, etc.), note france24.com, et ce, contrairement, poursuit-il, à Microsoft qui, « lui, récupère des données dès le démarrage d'un ordinateur équipé de Windows 10 et connecté à l'Internet ». Pour rassurer ses clients, Microsoft inclut dans ses règles de confidentialité à l'intention de ses ‘‘partenaires de confiance'', la possibilité de se soustraire à ce ‘‘guet-apens'' numérique en désactivant l'ensemble des fonctions de ramassage des données personnelles. Mais pas aussi simplement que ne le dit Microsoft, d'après le journal britannique The Guardian qui voit que le chemin est long pour se débarrasser des fonctions de surveillance de Microsoft qui, à ses yeux, fait tout pour compliquer la tâche de désactivation.