Le théâtre de verdur Hasni-Chekroune a vécu, dans la soirée de lundi à mardi, des moments intenses, à l'occasion de l'ultime programme proposé par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), au titre de sa manifestation « Retour aux sources : el Bahia en fête ». Des centaines de jeunes Oranais sont venus écouter leur idole, le rappeur algérien établi en France, « Lacrim », ainsi que « Karim El Gang » et le groupe oranais « Tox ». Cette ultime soirée a été exclusivement rap, ce genre musical qui fait bouger au sens propre et figuré les jeunes. « Tox », « El gang » et « Lacrim » ont fait vibrer le théâtre de verdure. Un rap « nationaliste » Avant même le début des concerts, les jeunes ne cessaient de réclamer leur rappeur favori d'origine algéroise « Lacrim » qui a entamé son spectacle en fin de soirée et dès les premières notes, les premiers mots, la fusion a été totale. Les jeunes en sueur se sont démenés comme des diables. Si le commun des mortels a parfois du mal à saisir toutes les paroles des rappeurs, tant le débit est rapide, il n'en était rien pour le jeune public qui connaît le moindre mot de tout le répertoire de « Lacrim », lui-même étonné, mais ravi, par un tel enthousiasme. « Lacrim » avait succédé, un peut plus tôt dans la soirée au jeune rappeur, venu d'Annaba, « Karim El Gang », qui a eu lui aussi sa part de succès. Il faut dire que c'est un rappeur assez original. Sur son tee-shirt, on pouvait lire, en arabe, « mentalité de Larbi Ben M'hidi ». Le public a découvert un « rappeur nationaliste », qui se réclame du chahid Larbi Ben M'hidi, de son sacrifice pour l'indépendance de l'Algérie, un exemple pour « Karim El Gang » et pour tous les Algériens. Le rappeur le dit dans ses chansons, tout en conseillant au jeune public d'éviter d'écouter le chant des sirènes et de demeurer fidèles aux principes de l'Algérie indépendante et à ses valeurs, n'hésitant pas à raconter l'histoire du chahid et de proposer au public des passages d'un discours du défunt président Houari Boumediene. Bien entendu, l'équipe nationale de football a eu droit aux faveurs du rappeur et du public, qui ont revisité quelques chansons, ainsi que le fameux « hymne » « One, two, three, viva l'Algérie ». Le groupe oranais « Tox », qui a ouvert le bal en début de soirée, a proposé au jeune public un répertoire intéressant. Proposant un rap « purement oranais », les jeunes artistes ont revisité les préoccupations des jeunes de leur génération, leurs attentes et leurs expressions de mal-vie, des thèmes si chers aux rappeurs de tous bords et de tous horizons. Pour sa part, le DG de l'AARC, Nazih Berramdane, a estimé, hier, à Oran, que la manifestation culturelle « Retour aux sources, El Bahia en fête » a été une réussite. Il a ajouté, au cours d'une conférence de presse, que la stratégie de son organisme est d'être, à l'avenir, partie prenante dans l'organisation d'autres genres d'événements culturels, notamment le cinéma, le théâtre, voire des événements sportifs. « La culture peut accompagner n'importe quel événement, qu'il soit politique, sportif, cinématographique ou autre. Cela dépend de l'organisation, de la logistique et de la gestion de l'événement », a-t-il souligné, ajoutant que l'évènement, lancé le 27 août dernier, a été réussite dans la mesure où il a répondu à un besoin du jeune public et a instauré le geste du paiement du produit culturel. « Nous avons enregistré la vente de plus de 3.200 billets, dont près de 2.000 pour la dernière soirée. Ceci ne permet pas de couvrir les dépenses de la manifestation, car chaque soirée revient entre 5 et 6 millions de dinars, mais c'est une tradition qu'il faut mettre en place. Il y va de la pérennité d'une manifestation et du respect des artistes », a souligné le même responsable. Il a ajouté qu'à l'avenir, les sponsors seront associés à de tels événements, ainsi que les autorités locales et, surtout, le public. « On nous a reproché de proposer un spectacle payant, mais nous avons été surpris, surtout la dernière soirée, de voir les jeunes payer pour voir leurs idoles », a-t-il souligné. Le DG de l'AARC a indiqué avoir refusé un sponsoring, car la condition était inacceptable. « La condition était d'organiser la manifestation dans un grand hôtel d'Oran. Ce n'était pas notre but. Nous voulions proposer un spectacle payant, mais raisonnable et à la portée des jeunes », a-t-il expliqué. Concernant les projets à venir, le DG de l'AARC s'est dit prêt à organiser des événements en rapport avec d'autres genres musicaux, notamment le jazz, la musique arabe, la musique classique et autres. L'autre projet, en discussion avec les autorités locales, concerne l'organisation d'événements culturels, à travers différents pays du monde, pour faire connaître la ville d'Oran et ses potentialités.