Le Forum des îles du Pacifique (FIP) ont décrété l'alerte générale. En conclave à partir d'aujourd'hui (jusqu'à vendredi prochain), les 15 micro-Etats du Pacifique, en première ligne du réchauffement climatique, revendiquent un accord global pour assurer leur survie. De Port-Moresby, la capitale de Papouasie-Nouvelle Guinée, le cri de détresse interpelle les conférenciers du sommet de Paris qui réunira 195 pays du 30 novembre au 11 décembre. A l'instar de la COP 21, le FIP se mobilise pour tenter de dépasser les égoismes nationaux mis à mal par les accusations portées contre les deux plus grands pays de l'organisation, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, suspectés de traîner les pieds. C'est que le challenge vaut son pesant d'or pour les pays des îles du Pacifique, menacés par la montée du niveau des océans et pourtant à faible teneur dans les émissions mondiales du CO2. « Il y a un danger immédiat pour tous les petits pays insulaires », a martelé le président du FIP, Tommy Remengesau. Après une hausse moyenne de 20 centimètres au XXe siècle, les océans devraient encore s'élever de 26 à 86 centimètres à l'horizon 2100 par rapport à la moyenne 1986-2005, selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), référence au niveau mondial. Depuis plus d'une décennie, ce constat alarmant sur d'érosion du littoral, l'intensification des cyclones, l'impact sur les ressources halieutiques ou la destruction des terres arables, a été dressé sans résultat probant. La menace d'engloutissement est tragiquement vécue par les pays du Pacifique dont l'altitude moyenne n'est qu'à quelque 15 mètres. Les conséquences se font dramatiquement ressentir. Aux îles Marshall, des cimetières ont été inondés. Au Vanuatu, un village a déjà été déplacé, un aéroport est inutilisable à marée haute et des routes sont détériorées. Au îles Kiribati, on a pris les devants en achetant des terres aux Fidji, en prévision d'une éventuelle évacuation. « Ce qui se passe en ce moment n'est pas uniforme, mais c'est rapide, extrême et destructeur », explique Tommy Remengesau. « Le changement climatique fait des dégâts dès aujourd'hui. Ce n'est pas un événement qui se produira dans le futur ». Il y a assurément péril en la demeure. « Une élévation du niveau de la mer d'un mètre peut rendre la vie dans certains de ces pays impossible », a expliqué l'ancien Premier ministre néo-zélandais, Geoffrey Palmer, lors d'une rencontre sur le changement climatique organisée à Wellington par l'ambassade de France. « On parle de la destruction d'une culture. C'est terrible et nous ne faisons rien », a-t-il conclu.