Tout s'achète et tout se vend en ces jours, veille de la fête de l'Aïd El Adha. Une véritable aubaine pour les commerçants pour renflouer leurs caisses. Cette frénésie est perceptible à l'approche de chaque fête religieuse. Il y a tous les achats relatifs au sacrifice du mouton, comme les couteaux, les cordes en passant par le charbon ...Pour le citoyen, les autres achats ou dépenses peuvent attendre. Et pourtant, d'autres services sont aussi pris d'assaut deux jours avant le jour « J ». Ainsi, les agences d'Algérie Télécom, par exemple, les vulcanisateurs et même les stations de lavage de véhicules font face aux rushs comme si tout est « urgent ». Parmi tous ces comportements, les nombreuses files de voitures enregistrées au niveau des stations-services de la capitale. Naftal avait pourtant assuré de la disponibilité du carburant durant les deux jours de fête. Cette appréhension dictée par ce comportement social s'est vite dissipée, la veille de l'Aïd avec des stations d'essence presque vides sur l'autoroute vers l'ouest en direction de Bechar. Un agent d'une station-service nous dira qu'il dispose de plusieurs jours de réserve. « On a été approvisionnés plus de trois fois cette semaine et le carburant ne manque pas », nous dira-t il. Limitation de vitesse non respectée Il y avait peu de monde sur les routes en cette veille de l'Aïd, où les éléments de la gendarmerie nationale et de la sûreté nationale étaient déployés au niveau des carrefours des grands axes routiers comme sur la RN-6. Sur cette dernière, dont une majeur partie est en réhabilitation, la circulation était très fluide. Les agents en uniforme « encouragent » les automobilistes à respecter la vitesse réglementée indiquée sur les panneaux de signalisation routière. La vitesse est limitée à 80 km/h mais les véhicules les plus lents roulent facilement à plus de 110 km/h. Pour faire respecter la limitation de vitesse, des panneaux de sensibilisation comme « Votre famille vous attend » ou « Ne mettez pas votre vie et celle des autres en danger », sont disposés le long des autoroutes. Mais, la route qui s'étend à perte de vue invite à l'excès de vitesse souvent dramatique. Au niveau de la petite localité de Beni Ounif, un routier habitué des long trajets du grand sud nous dira que « la vitesse excessive est souvent à l'origine des accidents ». La viande caprine plus prisée En ce mercredi en fin d'après-midi, les marchés à bestiaux étaient encore ouverts pour les retardataires désirant acheter le mouton à sacrifier. Le vent poussiéreux qui enveloppait le marché improvisé sur la périphérie de Béchar n'était pas pour décourager ni les clients ni les propriétaires des bêtes. Les clients retardataires tablent sur la dernière minute pour voir les prix baisser, une « option » qui n'échappe pas aux maquignons qui font augmenter les prix. C'est d'ailleurs le cas, dans ce marché où les marchandages s'éternisent. En effet, les moutons cédés entre 33.000 et 35.000 dinars en début de semaine sont proposés à plus de 40.000 DA, tandis que les plus belles bêtes sont affichées à 50.000 DA dans cette ville du sud approvisionnée des wilayas limitrophes notamment El Bayadh et Naâma. Sur cette hausse relative des prix, un éleveur nous dira que « c'est la dernière minute et le propriétaire n'a rien à perdre puisque son chiffre d'affaires est réalisé bien avant. Pour nous, l'Aïd El Adha constitue la plus importante occasion pour faire des bénéfices conséquents de toute l'année et la veille comme ce mercredi, on travaille pour un bonus ». Interrogé sur ses rentrées cette année, il a indiqué qu'il a très bien travaillé. « Les affaires ont été bonnes cette année notamment pour le mouton de la steppe qui est le plus vendu contrairement à ceux élevés dans des étables et alimentés avec des additifs », a-t-il indiqué ajoutant que »le citoyen cherche de la viande de qualité pour l'Aïd et c'est pour cela qu'il préfère le bélier saharien ». Un autre éleveur, comme beaucoup d'autres, avait aussi dans son « enclos » du marché, des boucs et des chevreaux. Et comme il est permis d'immoler ces deux bêtes pour l'Aïd, les citoyens optent pour cet animal. Dans certaines régions, comme en Kabylie et au sud du pays, la viande du bouc est préférée à celle du mouton. « J'ai plus vendu de boucs cette année », nous dira un éleveur venu de Naâma, avançant les prix abordables des bêtes entre 12.000 et 26.000 DA mais aussi la qualité de sa viande, prisée dans la région. Une ville pas du tout morte Contrairement aux villes du nord du pays, déclarées cités mortes durant les fêtes de l'Aïd, Béchar n'a nullement donné cette image. En effet, après la prière de l'Aïd et le rituel du sacrifice du mouton, on a constaté au terme d'une petite tournée que des magasins, cafétérias, kiosques et cybers étaient ouverts. En fin de journée, vers 18h30, le centre ville ainsi que les différents quartiers étaient encore plus animés avec plus de commerces ouverts et de monde dans les rues. Dans un décor dominé par le bruit des motos conduites par des jeunes sans casques, des citoyens sont attablés sur les terrasses des cafés alors que d'autres tentent de trouver un taxi. Dans un des cafés du centre ville, le propriétaire nous dira que les villes du sud tout comme Béchar ont un cachet particulier. Isolées à des centaines de km, les habitants et même ceux qui se viennent des autres wilayas ne quittent la ville pas pour deux jours en raison de l'éloignement. Contraints de rester, ils préfèrent ouvrir leurs commerces et travailler. Ainsi, il y avait de tout : pain, fruits et légumes, alimentation générale,... et même des pharmacies étaient ouvertes Sur la route périphérique de la ville, un attroupement attire notre attention. Il s'agit d'une fontaine aménagée par la commune et qui est devenue au fil du temps la destination des citoyens, même ceux qui disposent de l'eau corantes chez eux. Sur place où chacun attendait son tour, on a appris que cette « fontaine » forte de 12 robinets permet de faire l'appoint lors des coupures et elle est préférée en raison de la qualité de son eau. « Je viens m'approvisionner en eau ici pour ne pas consommer celle de la citerne », nous dira un homme en train de remplir des jerricans. Kada, le ramasseur de toisons A bord d'un camion frigorifique, mais qui ne l'était pas pour cette fois, Kada sillonne la ville à la recherche des toisons. Sans gêne aucune, le jeune homme fouille les bacs à ordures pour récupérer les toisons des bêtes immolées. « Je ramasse des milliers de toisons. Je fais de mon mieux pour les prendre le plus vite possible avant qu'elles ne sèchent. Une fois triées selon leur qualité, elles sont nettoyées, salinées avec le gros sel et acheminées vers une tannerie à Ghardaia », nous a-t-il expliqué. Il nous a avoué qu'il ne ramasse que très peu de peaux de mouton par rapport à toutes les bêtes immolées. « J'ai essayé de sensibiliser les citoyens pour fixer un point de dépôt par quartier où je pourrais les prendre mais les gens préfèrent tout jeter », a-t-il souliogné avec regret. C'était au moment où quelqu'un l'avait appelé pour lui dire de passer devant chez lui. Des peaux laissées sur les trottoirs étaient à récupérer. Efforts laborieux Si les commerces étaient ouverts, il y a lieu de relever la travail des éboueurs de la ville qui ont passé le jour de la fête à tenter de nettoyer la cité. Tenter car le massacre a été énorme en cette journée du sacrifice, mais aussi d'ordures en plus. A bord de leurs camions bennes tasseuses, ils ont sillonné les rues du matin jusqu'à heure tardive de la nuit. A 19h30 passé, un des éboueurs était encore à la tâche pour nettoyer ruelles. Mais la tâche est presque impossible en dépit de toute la volonté qui animait les équipes de Saoura Net qui font de leur mieux pour enlever le maximum d'ordures parfois jetées à même le sol alors que les bacs étaient à moitié vides. Mais ce sont toujours des ordures en moins et des coins de la ville propres, grâce aux efforts de ces hommes qui ont passé la journée à nettoyer et à enlever les ordures que les autres ont jetées à même la chaussée.