Le membre du comité de l'ONU chargé de la lutte contre la discrimination raciale, Nouredinne Amir, a qualifié, hier, lors d'une rencontre au forum Echaâb, le refus de certains Etats d'octroyer des visas à la société civile «d'acte de guerre douce». «Quand on pose des conditions sous une forme bureaucratique pour empêcher une société civile de circuler librement, on lui fait la guerre. Une guerre qui n'est, certes, pas armée mais qui est dangereuse car c'est une guerre perverse», estime-t-il en faisant savoir que le comité de la lutte contre la discrimination va interpeller ces Etats. «Nous avons déjà interpellé la France ainsi que d'autres pays. Nous leur avons rappelé que l'octroi des visas est un droit instauré dans les conventions internationales et, par conséquent, les gouvernements doivent s'y soumettre. Ne pas appliquer ce droit est inacceptable de la part des Etats qui exercent la démocratie depuis deux siècles !», explique-t-il en exprimant, au passage, son soutien au ministère des Affaires étrangères algérien qui a refusé que le cachet traduisant le refus de visa soit apposé sur les passeports. Dans le même contexte, il dira qu'il avait auditionné 150 gouvernements et s'était rendu compte que le problème de la démocratie se posait surtout chez les pays qui la revendiquent ! «Les droits humanitaires sont fragiles et sont plutôt décoratifs. Combien de droits sont-ils bafoués ? On dit que le 21e siècle est celui des droits de l'homme alors que les réfugiés n'ont jamais été aussi nombreux qu'au cours de ce siècle ! La France, par exemple, que nous avons auditionnée, prétend lutter contre la discrimination au nom de la démocratie alors qu'elle vient de refuser l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l'espace Schengen ! Les Européens n'ont-ils pas tous les mêmes droits ? Y a-t-il des Européens de première classe et de deuxième classe ? N'a-t-elle pas procédé de la même façon en Algérie ? D'ailleurs, quand nous l'avons auditionné, nous lui avons demandé si la France reconnaîtra ses crimes un jour et demandera pardon au peuple algérien. On nous a répondu qu'il s'agit là d'une question politique à laquelle on ne peut pas répondre», dit-il. Même les ONG, relève-t-il, sont parfois détournées de leur fonction originelle. Certaines ONG, signale-t-il, sont créées spécialement par des Etats pour nuire ou s'ingérer dans les affaires des autres alors que le rôle des ONG est de protéger la société civile et, surtout, préserver l'unité nationale», affirme-t-il en soulignant que la question de «Qui tue qui ?» est l'œuvre d'une ONG. Par ailleurs, à propos des ONG en Algérie, le conférencier reconnaît qu'elles manquent d'expérience. «Lors de mon entrevue avec le ministère des Affaires étrangères en présence des ONG et associations algériennes, nous nous sommes entendus pour que ces dernières bénéficieront prochainement d'un programme de formation», assure-t-il.