Dès son indépendance, l'Algérie a prononcé la caducité de la législation élaborée par la puissance coloniale qui consacrait la discrimination entre ses habitants musulmans. La politique extérieure algérienne de soutien aux peuples sous domination coloniale étrangère, ou victimes d'autres formes de racisme spoliateur, s'inscrit dans le prolongement des priorités internes de l'Algérie. C'est ce qu'a déclaré le représentant permanent de l'Algérie à l'ONU à Genève, Idriss Jazaïry, lors de la conférence d'examen de Durban. Pour Jazaïry, face aux pillages des ressources naturelles des territoires occupés par des nations, qui se disent démocratiques et respectueuses de la dignité humaine, les Nations unies doivent promouvoir des mesures plus hardies en vue de l'élimination rapide de ces pratiques prédatrices, attentatoires aux droits des peuples et qui sont une des formes économiques les plus abjectes de racisme. Dans ce cadre, il a également qualifié d'"abjecte", l'arrogance raciste ayant conduit, encore tout récemment, au nouveau massacre, cette fois à Ghaza, d'un millier de civils, femmes et enfants compris, que "les incidents de la cérémonie d'ouverture (de cette conférence) ne réussiront pas à occulter". Plaidant pour la réparation des dégâts causés aux pays d'Afrique ayant été, ou sont encore colonisés, Jazaïry a estimé qu'il faut, à tout le moins, leur consentir "une protection des personnes contre les formes nouvelles de discrimination raciale", comme le revendiquent des pays. Evoquant la réémergence de la discrimination raciale sous ces nouvelles formes, il l'a attribuée soit à des législations nationales laxistes, soit à des lacunes dans les instruments internationaux existants qu'il convient de combler au moyen de normes complémentaires. Le diplomate algérien a, par ailleurs, déploré le boycott de ce rendez-vous onusien par certains pays riches, soulignant que ce boycott "témoigne d'une réticence à défier directement le racisme dans leurs propres sociétés ou à affronter ses conséquences sur les pays précédemment colonisés". En allusion à l'absence des Etats-Unis à cette conférence, il a relevé que ce pays a administré aux participants "la preuve la plus éclatante de sa réussite sur le terrain dans la lutte contre le racisme", les "privant ainsi, d'un message exaltant d'espoir". Jazaïry a également relevé une autre "frileuse réticence", celle du "refus de ratification par des pays riches de la Convention pour la protection des travailleurs migrants et de leurs familles". Pour le représentant algérien, "boycotter collectivement le multilatéralisme, c'est boycotter la tolérance à vivre en paix l'un avec l'autre", en citant le préambule de la Charte des Nations unies. "C'est le faire doublement lorsqu'il s'agit d'une conférence de lutte contre le racisme", a-t-il dit, ajoutant que depuis la Deuxième Guerre mondiale, même durant la guerre froide, cette "ligne rouge" n'avait pas été franchie, et ce, "pour éviter les funestes conséquences d'un effondrement du multilatéralisme". Les participants à la Conférence de l'ONU sur le racisme, dite de "Durban II", ont adopté, mardi, en avance leur Déclaration finale. Le projet de Déclaration finale a été adopté par acclamation mardi après-midi au lieu du vendredi, dernier jour de la Conférence devant assurer le suivi de celle organisée à Durban (Afrique du Sud) en 2001. 189 Etats s'étaient mis d'accord par consensus, vendredi dernier, sur un projet de déclaration finale après des mois de discussions. A. C.