Les représentants des partis socialistes et progressistes sont en conclave à Beyrouth pour débattre de la crise des réfugiés syriens. L'afflux massif pèse lourdement sur la Liban qui a accueilli depuis le déclenchement de la guerre en Syrie 1.078.000 réfugiés, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Tout en consacrant un conseil des ministres à cette question importante, les autorités libanaises crient à la « crise existentielle » soulevée par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, mettant en garde, mercredi dernier, contre les conséquences désastreuses dans un pays en proie à une instabilité politique. Lors d'une conférence de presse à l'issue d'une rencontre avec son homologue hongrois Peter Szijjarto, il a pointé du doigt le risque grandissant de changement rapide de la démographie dans la région et « l'impact négatif sur l'Europe ». Le chef de la diplomatie libanaise a relevé que malgré « tous les efforts mis en œuvre par nos forces de sécurité, nous assistons aujourd'hui à une nouvelle vague de migrants se dirigeant vers l'Ouest depuis nos côtes ». Cette bombe à retardement impose un règlement rapide de la crise syrienne pour faire face aux « deux grands phénomènes » marquants : le terrorisme et le flux migratoire au Moyen-Orient et en Europe « désormais partie liée par ce qui se passe en Syrie ». Car le scénario du pire est à venir. « A travers ces flux migratoires, l'idéologie takfiriste et l'extrémisme peuvent s'infiltrer en Europe », a martelé Bassil. En première ligne, Beyrouth revendique une plus grande solidarité. L'aide des donateurs se fait rare. Sur les 2,1 milliards de dollars demandés, le 15 décembre 2014, par le gouvernement libanais et les agences onusiennes, seulement 35% ont été débloqués à la fin du mois d'août 2015. Le constat de carence est établi par le Programme alimentaire mondial (PAM) qui a vu des coupes de près de 50% des rations alimentaires par personne réduites de 27 à 13,5 dollars. Cette situation de déficit chronique a imposé la technique de « ciblage » des bénéficiaires (5 rations par famille) également appliquée, dès cet hiver, par l'UNHCR permettant de mettre au chaud 70.000 familles. Mais les restrictions seront plus dures pour les « 6.000 foyers très vulnérables » privés de leur aide financière mensuelle et des soins de santé secondaires.