Un homme de culture de sa trempe méritait un hommage d'envergure, à la mesure d'un parcours qui fait de lui, tout bonnement, le pionnier du cinéma algérien. Tahar Hannache, le digne fils de Constantine, qui entama, dès les années 20, une carrière cinématographique - l'époque du cinéma muet s'entend -, sans mesure commune avec y compris les grands noms du septième art algérien. En tant que comédien, il a partagé des rôles aux côtés des ténors du grand écran français tels Fernandel, Gabin, Raimu, Viviane Romance... pour finir comme un brillant réalisateur ayant à son actif une filmographie riche et variée (Constantine, sérénade à Meriem, Les plongeurs du désert, Aux Portes du Sahara...). Avec le concours de la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe 2015, et dans le cadre des Journées du film arabe primé qui se tient depuis vendredi dernier, une exposition de photos lui a été entièrement dédiée. Elle rappelle à qui veut le découvrir ou s'en souvenir, le parcours d'un homme exceptionnel qui a consacré sa vie au service du grand écran. Présente à l'inauguration de l'évènement, sa fille benjamine, Benazzouz Thoria, dit tout le bien de son défunt père.Elle a souligné que « cette exposition a pour mérite d'exhumer ses travaux méconnus du grand public ». Très fière, elle rappelle quelques bribes de la longue carrière de Tahar Hannache. Selon elle, « il a travaillé aux côtés de Julien Duvivier, d'André Hugon, de Marcel Pagnol avec qui il a fait trois films, ainsi qu'avec le grand Jean Gabin. Cinéaste du premier film algérien, en l'occurrence « Les plongeurs du désert » en 1952, la fille de Tahar Hannache a affirmé que le film a été vendu dans sept pays, un record alors pour un film algérien. Benazzouz Thoria a déploré le fait que le film tourné entre Biskra et Tolga n'ait jamais été projeté en Algérie. L'attachement de Tahar Hannache à l'Algérie et notamment à sa ville natale était par ailleurs insondable. « Dans ‘'Constantine, ancienne Cirta'', tourné pendant l'époque coloniale, mon père démontre que Constantine existait depuis des millénaires et non pas depuis la venue des Français. Il a mis l'accent, par ailleurs, sur la modernité et l'authenticité de sa population », a-t-elle soutenu en apprenant que l'inénarrable comédien, Hadj Abderrahmane, plus connu sous le sobriquet de l'Inspecteur Tahar, fut l'un des élèves de Hannache. De lui, il a appris à manier la caméra, et en guise de reconnaissance au maître, il a choisi de porter son nom.