L'Afrique fait le forcing pour permettre l'envoi d'une mission africaine de prévention et de protection au Burundi. Des efforts intenses sont menés pour arracher le consentement de Bujumbura, jugé incontournable par le représentant spécial de l'Union africaine (UA) pour les Grands Lacs, le Sénégalais Ibrahima Fall. « Il y a eu, je pense, une mauvaise communication. Il n'a jamais été de l'intention de l'Union africaine de déployer une mission au Burundi sans le consentement des autorités burundaises. Cela est inimaginable », a-t-il déclaré. Cette position de principe a été également défendue par le Conseil de la paix et de la sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) évoquant même, vendredi dernier, l'éventualité d'un renoncement du projet viscéralement combattu par le président Pierre Nkurunziza qu'il a assimilé à une « force d'invasion ». Au sommet d'Addis Abeba, les chefs d'Etat vont devoir décider des propositions du CPS. « Probablement, l'une des conclusions définitives — parce que pour le moment, ces conclusions ne sont que provisoires — de la réunion de ce vendredi (du CPS) sera d'envoyer une délégation de haut niveau, pour ne pas dire de très haut niveau, au Burundi pour discuter avec les hautes autorités burundaises, pour enclencher une consultation sur cette problématique », a précisé Fall. Bien évidemment, faute de consensus, le projet entériné en décembre 2015 est pour l'instant mis en veilleuse. Quand bien même le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exprimé son soutien à l'initiative africaine, la levée de boucliers des adversaires du projet a conforté le niet de Bujumbura. « Nous avons précisé que cet envoi de force n'était pas justifié (...) parce que nous estimons que la situation au pays est sous contrôle du point de vue sécuritaire », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Alain Aimé Nyamitwe. L'impasse est totale. Face au refus de Bujumbura et de certains pays africains, il paraît pour le moins aléatoire de dégager la majorité requise de 2/3 pour la constitution de la mission africaine qui agite l'UA qui a encore deux jours pour se prononcer sur l'avenir de la Maprobu. Un compromis est-il envisageable pour tenter de mettre fin aux souffrances des Burundais, confrontés aux vieux démons de la guerre civile qui a fait, entre 1993 et 2006, près de 300.000 morts. Le syndrome plane sur un pays secoué par une crise qui a provoqué jusque-là 400 victimes et l'exil de 230.000 personnes.