Le Burundi n'autorisera pas l'envoi sur son sol d'une force de 5000 hommes de l'Union africaine (UA), a déclaré dimanche un porte-parole de la présidence, disant que ce déploiement serait considéré comme "une force d'invasion et d'occupation" si l'UA passait outre le refus de Bujumbura. L'UA a autorisé vendredi le déploiement d'une mission militaire forte au Burundi pour tenter de stopper le cycle de violences dans ce pays. Le Burundi "n'est pas prêt à accueillir une telle force de l'UA sur son territoire", a déclaré Jean-Claude Karerwa, porte-parole adjoint du président Pierre Nkurunziza. "Si les troupes de l'UA venaient sans l'aval du gouvernement, il s'agirait alors d'une force d'invasion et d'occupation, et le gouvernement burundais se réserverait dans ce cas le droit d'agir en conséquences", a-t-il ajouté. Il a souligné que pour les autorités burundaises, "la résolution de l'UA ne peut pas s'appliquer automatiquement (car) il faut d'abord l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU". Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA a autorisé vendredi le déploiement d'une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), forte de 5.000 hommes, pour une durée de six mois renouvelables. Il a donné quatre jours à Bujumbura pour accepter ce déploiement, faute de quoi l'UA prendra des "mesures supplémentaires" pour s'assurer qu'il ait lieu. La Maprobu aura pour objectif d'éviter "la détérioration de la situation sécuritaire", de contribuer "à la protection des populations civiles en danger immédiat", d'aider à créer les "conditions nécessaires" à la réussite d'un dialogue inter-burundais, et de faciliter "la mise en oeuvre de tout accord" auquel parviendraient les différentes parties. Cette annonce de l'UA intervient une semaine après l'attaque le 11 décembre de trois camps militaires à Bujumbura et en province, les affrontements les plus intenses au Burundi depuis une tentative de coup d'Etat militaire en mai. Le Burundi est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, jugé par ses adversaires contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006) entre l'armée dominée alors par la minorité tutsi et des rébellions hutu. La mise en échec du coup d'Etat, la répression de six semaines de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura à la mi-juin et la réélection de M. Nkurunziza lors d'un scrutin controversé à la mi-juillet n'ont pas empêché l'intensification des violences, désormais armées.