Le président tunisien a condamné une attaque terroriste « sans précédent et coordonnée ». Il a affirmé que celle-ci avait « peut-être pour but de contrôler » cette région et de « proclamer une nouvelle province » aux mains de groupes extrémistes. « Les Tunisiens sont en guerre contre cette barbarie et ces rats que nous allons exterminer (...) définitivement », a ajouté Essebsi dans des propos retransmis par la télévision publique. Les attaques, perpétrées à l'aube, ont visé une caserne de l'armée, un poste de police et un autre poste de la Garde nationale (gendarmerie) tunisiennes à Ben Guerdane, une localité de quelque 60.000 habitants. Dans un bilan encore provisoire, les ministères de la Défense et de l'Intérieur ont précisé que six gendarmes, deux policiers, un douanier et un soldat avaient péri dans les affrontements. Les patrouilles terrestres et aériennes vont être renforcées le long de la frontière commune avec la Libye, où le chaos a permis aux groupes terroristes de prospérer, ont annoncé les autorités tunisiennes. Le nombre total de terroristes impliqués n'est pas connu, pas plus que leur identité, mais les autorités ont souligné que des opérations étaient toujours « en cours pour les pourchasser ». Couvre-feu Un couvre-feu a été instauré à Ben Guerdane de 19h à 5h du matin, et le Premier ministre tunisien, Habib Essid, qui s'est entretenu avec le président Béji Caïd Essebsi, a appelé les Tunisiens à la « vigilance ». Les établissements publics étaient fermés, tandis que les forces de l'ordre patrouillaient dans les rues et incitaient par haut-parleurs les citoyens à rester chez eux. Des soldats montaient la garde du haut des toits. Outre la fermeture des postes frontières pour une durée indéterminée, les autorités avaient également bouclé dans la matinée la route côtière reliant Ben Guerdane à Zarzis. La Tunisie est confrontée depuis la révolution de 2011 à l'essor d'une mouvance djihadiste. Elle compterait plus de 5.000 ressortissants dans les rangs d'organisations terroristes à l'étranger, notamment en Syrie. Le ministère de l'Intérieur avait déjà évoqué la possible entrée sur le sol tunisien de « groupes terroristes », à la suite d'un raid américain le 19 février dernier contre un camp d'entraînement de Daesch à Sabrata, dans l'ouest libyen, à moins de 100 km de la frontière tunisienne. Ce bombardement américain avait fait des dizaines de morts, parmi lesquels aurait figuré Noureddine Chouchane, un Tunisien décrit comme un cadre opérationnel de Daesch, impliqué dans deux des attaques perpétrées en 2015 en Tunisie, contre le musée du Bardo à Tunis (22 morts) et contre un complexe hôtelier près de Sousse (38 morts). Si le profil des assaillants tués la semaine dernière n'est pas connu, « des mouvements suspects étaient rapportés depuis le raid de Sabrata et on sentait bien que Daech chercherait à se venger », a souligné Hamza Meddeb, chercheur au centre Carnegie. « Ce n'était qu'une question de temps et il y avait des indices forts pour que la Tunisie en soit la cible », a-t-il ajouté, évoquant la possibilité de « cellules dormantes » dans le pays. Pour tenter de se protéger, elle a construit un « système d'obstacles » sur près de la moitié des 500 km de frontière. Les postes frontaliers avaient déjà été temporairement fermés à l'automne dernier.